L’Espace géographique 2/97

EG 2/97

Version sans les résumés


Théorie et analyse de l’espace pour Hubert Beguin

Éditorial (Dominique PEETERS, Isabelle THOMAS)


Catherine BAUMONT, Jean-Marie HURIOT. La ville, la raison et le rêve: entre théorie et utopie (6 fig.)

L’objet de cet article est le rapprochement de deux discours sur la ville dont l’un, celui de la microéconomie urbaine, est admis dans le domaine de la science tandis que l’autre, celui des utopies urbaines, en est exclu. Nous analysons les processus de pensée conduisant respectivement à la théorie et à l’utopie, puis nous confrontons les conceptions de l’homme et de la société sur lesquelles elles reposent. Enfin, nous cherchons à mettre en lumière les ressemblances et oppositions entre les deux séries de représentations de l’espace urbain auxquelles conduisent ces démarches. Cette mise en perspective peut ainsi contribuer à une meilleure compréhension de la nature profonde du discours théorique, et aboutir à la fois à une relativisation et à une défense de la théorie urbaine.

mots clés: PRATIQUE DE LA SCIENCE, THÉORIE, UTOPIE, VILLE


Denise PUMAIN. Pour une théorie évolutive des villes (1 fig.)

Les théories urbaines, en particulier économiques, reposent pour la plupart sur une conception statique de la ville (par exemple, la théorie des lieux centraux, ou la théorie des économies d’agglomération), ce qui conduit à des explications du fait urbain qui ne prennent pas en compte la genèse ni le changement, et donc réduit la pertinence des prévisions. Pour traiter des villes, qui sont des objets complexes, la théorie urbaine doit intégrer des aspects temporels, non seulement au sens de la dynamique, mais aussi du devenir, de l’histoire. Nous proposons ici les prémisses d’une théorie évolutive des systèmes de villes. Quelques éléments de cette théorie peuvent être empruntés aux modèles dynamiques d’auto-organisation inspirés des théories des systèmes physiques ou vivants, mais il faut y ajouter des propriétés, spatiales et sociales, spécifiques des systèmes urbains.

mots clés: AUTO-ORGANISATION, MODÈLE DYNAMIQUE, SYSTÈME URBAIN, VILLE


Jacques-François THISSE. De l’indétermination des régions et de quelques inconvénients qui en résultent

On montre axiomatiquement que la région est un concept qui ne peut être défini que par rapport à une relation particulière construite sur un ensemble de lieux. Quelques implications de cette indétermination pour l’organisation des pouvoirs et des échanges sont ensuite analysées. Le bilan est négatif dans ses grandes lignes: on ne peut pas définir un espace de référence, qui puisse servir pour différentes fonctions, sans créer des distorsions qui se révèlent souvent dommageables pour l’action économique et politique. Toutefois, des solutions partielles, inspirées de la théorie économique moderne, peuvent être proposées.

mots clés: COLLECTIVITÉS LOCALES, ÉCONOMIE GÉOGRAPHIQUE, AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, RÉGION


Antoine S. BAILLY. Objectivité ou subjectivité en science régionale? (2 fig.)

Même si elle privilégie, depuis sa fondation, la perspective rationaliste, la science régionale fonde ses analyses sur des représentations, des constructions intellectuelles reflétant notre intégration à un milieu social et culturel. La question de l’objectivité-subjectivité en science régionale est donc liée à la construction de nos raisonnements et de nos processus cognitifs. Comprendre la relation des régionalistes à leur objet de recherche revient donc, dans cet article, à aborder le procès de connaissance et la pertinence sociale de la science régionale.

mots clés: COMPORTEMENT, CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE, SCIENCE RÉGIONALE


Gordon M. MYERS, Yorgos Y. PAPAGEORGIOU. Rationalité des procédures et nécessité d’agrégation (5 fig.)

Une part importante de la théorie en géographie économique repose sur le paradigme du comportement en matière de choix économiques. Par conséquent, certaines de ses prévisions doivent tenir compte des fortes simplifications de ce paradigme. C’est pourquoi il semble utile d’identifier, de discuter et d’évaluer ces simplifications telles qu’elles existent aujourd’hui. À cette fin, nous confrontons des modèles de comportement en matière de choix dans le domaine économique, y compris les modèles les plus récents, à un paradigme standard de comportement du consommateur en psychologie et marketing. Cette comparaison permet d’établir une assez bonne évaluation de l’écart entre le comportement expérimenté et le comportement économique, utilisé dans certains domaines de la géographie économique théorique.

mots clés: COMPORTEMENT, GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE, GÉOGRAPHIE THÉORIQUE, MODÉLISATION


Hubert JAYET. Quels modèles asymptotiques en statistique et en économétrie spatiales? (1 tabl.)

Cet article montre que les modèles asymptotiques valables pour des données spatiales diffèrent souvent des modèles asymptotiques usuels. En conséquence, les propriétés asymptotiques attribuées habituellement aux estimateurs ne sont plus nécessairement valides. De plus, la prise en compte des changements d’échelle inhérents aux processus spatiaux entraîne des restrictions dans la formulation des modèles, dont l’économètre doit tenir compte.

mots clés: ÉCHELLE SPATIALE, ÉCONOMÉTRIE SPATIALE, MODÉLISATION


Daniel A. GRIFFITH. Interpolation dans les modèles de localisation optimale (2 fig., 4 tabl.)

Les problèmes spatiaux de recherche opérationnelle tentent de déterminer les localisations optimales d’activités; celles–ci correspondent souvent à des points pour lesquels la distance totale pondérée est minimale. Le traitement de ces problèmes requiert un ensemble de données géo–référencées comme input. Fréquemment, les séries spatiales sont incomplètes, les données manquantes formant autant de «trous» dans la distribution géographique. Il existe des procédures statistiques qui permettent de compléter ces séries spatiales; certaines utilisent explicitement l’autocorrélation spatiale latente. Les conséquences de ces estimations statistiques sont étudiées ici, en utilisant les données de densité de population des recensements de 1986 pour Toronto et Ottawa-Hull, et de 1980 et 1990 pour Syracuse. Ces applications nous donnent l’occasion d’aborder les problèmes géographiques de distribution d’échantillonnage de la moyenne spatiale et de la distance standard ainsi que les problèmes statistiques de biais, d’efficacité et de distribution de fréquences. L’algorithme de Weber, dérivé de celui de Kuhn-Kuenne, est utilisé; le problème est limité à la localisation d’une seule donnée. La densité de population est utilisée ici comme pondération dans la détermination des solutions optimales car ce paramètre peut être décrit avec précision par un modèle statistique relativement simple.

mots clés: AUTOCORRÉLATION SPATIALE, DISTRIBUTION SPATIALE, DONNÉES GÉO-RÉFÉRENCÉES, LOCALISATION


Manfred M. FISCHER, Josef BENEDIKT. L’utilisation de la théorie des ensembles flous dans la reconnaissance des structures par télédétection (1 tabl., 2 fig.)

La cartographie des espaces urbains utilisant des images à haute résolution spatiale obtenues au moyen de capteurs en orbite autour de la terre a pour objectif premier d’étudier à la fois l’étendue des zones urbaines et leur composition en termes d’occupation des sols et d’obtenir ainsi des informations précises et cohérentes sur les zones urbaines. Toutefois, les techniques de classification conventionnelles n’ont pas toujours permis de constituer des cartes thématiques suffisamment précises. L’un des problèmes fondamentaux réside dans le fait que les techniques conventionnelles de classification par structure sont des techniques rigoureuses (précises) qui combinent chaque pixel de l’image à une seule catégorie de la classification. Bien que cette technique puisse convenir pour des ensembles de données réalisées par télédétection de résolution spatiale relativement fine, les images, de résolution spatiale plus grossière telles celles obtenues grâce au Thematic Mapper comportent souvent en majorité des pixels de terrains composites dans les zones urbaines. Si l’on ne tient pas compte de ces pixels mixtes, on aboutit à une représentation médiocre de la répartitiion des sols et à une estimation incorrecte de l’étendue des catégories qui en découlent. Cet article montre comment la théorie des ensembles flous peut être intégrée dans le processus de classification notamment au niveau de l’appartenance à une catégorie et au niveau de la restitution des images avec une mesure de l’incertitude qui fera apparaître le manque de rigueur de la classification de la couvertures terrestre ainsi obtenue.

mots clés: ENSEMBLES FLOUS, TÉLÉDÉTECTION, ZONES URBAINES


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dernière mise à jour: 3 juin 1997