L’Espace géographique 4/20

EG 2/20

Version sans les résumés


La patrimonialisation et les politiques de l’échelle à l’UNESCO
Dossier édité par
Bernard Debarbieux, Ellen Hertz et Hervé Munz.

La patrimonialisation en quête de ses échelles


Les sites funéraires et mémoriels de la Grande Guerre comme patrimoine «mondial»: la mobilisation d’une catégorie scalaire inconcevable? (2 fig.)

Depuis quelques années, la catégorie du «mondial» tend à s’imposer dans les pratiques de patrimonialisation des conflits, y compris dans la volonté d’inscrire certains champs de bataille sur la Liste du patrimoine mondial. Cette contribution analyse la pluralité des échelles mobilisées dans la candidature transnationale d’un bien en série associé aux sites funéraires et mémoriels de la Grande Guerre. L’usage d’une nouvelle catégorie scalaire pour identifier et qualifier la valeur de ce bien ne fait pas disparaître – loin s’en faut – la référence au «national» ou au «local», et questionne la possibilité de la construction d’une valeur «universelle» associée aux sites de guerre.

mots clés: BIEN EN SÉRIE, GRANDE GUERRE TRANSNATIONALE, MÉMOIRE, PATRIMOINE MONDIAL


«Let’s get together»: fabriquer du patrimoine partagé, entre bureaucratisation de l’utopie et utopisation de la bureaucratie (1 photo)

Cet article traite de la corrélation entre bureaucratie, idéologies d’échelle et utopie dans la production du «patrimoine partagé» comme incarnation de l’idéal porté par l’UNESCO pour rapprocher les peuples par-delà les frontières physiques et symboliques. L’utopie scalaire de l’UNESCO est explorée en mettant l’accent sur la promotion des « candidatures multi-nationales » à la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel. Leur agentivité politique est illustrée par la candidature binationale de la lutte coréenne qui célèbre le partage d’une même culture par des pays rivaux. Ce dispositif est comparé à la rhétorique universaliste des débats qui ont accompagné l’inscription du reggae et du yoga sur la même liste. Une observation participante du dispositif global du patrimoine culturel immatériel met en évidence l’ingéniosité des fonctionnaires du patrimoine dans leur poursuite d’idéaux d’unité: des technologies administratives créant des représentations du patrimoine partagé sont conçues et mises en œuvre dans un processus qui rend l’utopie bureaucratique et la bureaucratie utopique.

mots clés: BUREAUCRATIE, PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL, PATRIMOINE PARTAGÉ, UNESCO, UTOPIE


F(r)ictions d’échelles: les enjeux politiques de l’inscription des savoir-faire de l’Arc horloger franco-suisse à l’UNESCO (2 fig.)

Qu’est-ce qu’une approche du patrimoine culturel immatériel (pci) focalisée sur les géographies imaginées des acteurs et organisations sociaux peut révéler des formes d’appartenance communautaire ? Pour répondre à la question, cet article s’intéresse au cas des savoir-faire horlogers en Suisse et en France, et plus particulièrement à la constitution de la candidature «Savoirfaire en mécanique horlogère et mécanique d’art », cadrée à l’échelle de l’Arc transjurassien et inscrite sur la Liste représentative pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en décembre 2020. Il examine ces géographies imaginées, et les enjeux qui les soustendent, en tant que « systèmes scalaires » mobilisés de différentes manières par des personnes et des groupes issus des mondes de l’horlogerie, de l’administration et des sciences humaines dans ces deux pays, entre eux et dans la région transfrontalière qui les relie.

mots clés: ARC JURASSIEN, COMMUNAUTÉ, PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL, SAVOIR-FAIRE HORLOGER, SYSTÈME SCALAIRE, TRANSFRONTALIARITÉ


Imaginaires et rhétoriques de la mondialité au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO

Le présent article se propose d’analyser comment des pratiques culturelles parfois dites mondialisées – le yoga, la fauconnerie, le tango, le flamenco et l’alpinisme – ont été promues, puis inscrites, au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Il étudie la rhétorique et les stratégies scalaires adoptées par les protagonistes de chacune des propositions, en s’arrêtant tout spécialement sur la mise en scène d’une forme de mondialité, revendiquée ou nuancée, pour arguer du bien-fondé de leur inscription. Il montre dans quelle mesure certaines ont été guidées par un souci de recentrage national ou régional (le flamenco, le tango, le yoga) quand d’autres ont cherché à souligner la dimension transnationale de la pratique et de la coopération interétatique (l’alpinisme, la fauconnerie). Il montre enfin comment la procédure d’inscription en pareil cas mobilise plusieurs imaginaires de la mondialité et que leur articulation joue un rôle décisif dans le succès d’une candidature.

mots clés: ÉCHELLE, IMAGINAIRE, MONDIALITÉ, PATRIMOINE, UNESCO


Grand format

L’Anthropocène au défi de la géographie et des sciences sociales: une analyse


Lectures


Dans ce numéro de l’Espace géographique, vous trouverez le compte rendu de lecture de l’ouvrages suivant:

BRUMANN C. (2021). The Best We Share. Nation, Culture and World-Making in the UNESCO World Heritage Arena. New York: Berghahn, 316 p. (Bernard Debarbieux, université de Genève) ISBN: 978-1-80073-044-1, eISBN: 978-1-80073-045-8


[PDF]Table des auteurs et index des matières pour l’année 2020


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dernière mise à jour: 6 octobre 2021