L’Espace géographique 4/79

EG 4/79

Version sans les résumés


L’Espace géoagraphique. Où en est la géographie?


Les voies de la géographie

Anne Buttimer. Le temps, l’espace et le monde vécu (2 fig.)

Cet article essaie d’évaluer les implications des courants phénoménologiques et existentialistes pour la géographie. Le relativisme socio-culturel conteste des modèles de recherche que la pratique contemporaine n’avait pas questionnés. En transposant la notion de Lebenswelt (monde vécu) en termes de genre de vie, on présente un schéma d’analyse qui pourrait encourager la réflexion critique sur (a) les rapports sociologiques et les relations de pouvoir associés au vécu du géographe lui-même, dans sa pensée et dans sa pratique; (b) la capacité des modèles courants à expliquer l’expérience vécue.

mots clés: COMPORTEMENT SCIENTIFIQUE, ÉPISTÉMOLOGIE, HISTOIRE DE LA GÉOGRAPHIE, PHÉNOMÉNOLOGIE, THÉORIE DE LA GÉOGRAPHIE


Jacqueline Bonnamour. Interrogations sur la recherche contemporaine en géographie humaine

Le malaise de la géographie n’est-il pas celui des géographes déroutés par la révolution technicienne de leur discipline? Les géographes ont adopté les méthodes quantitatives, mais l’auteur dénonce l’insuffisance de la réflexion d’amont pour la définition des concepts, la critique des sources qui serait la cause d’une certaine désillusion et l’explication de la quête épistémologique actuelle. Toutefois la géographie n’a pas suscité d’épistémologie externe et les réflexions nées en son sein sur l’objet et la nature de la discipline regardent souvent davantage vers le passé géographique que vers la production actuelle, manquent souvent de tolérance, s’orientent vers des explications universelles d’un autre ordre que la description explicative qui demeure une des raisons d’être de la géographie. Aussi le géographe pour s’engager sur une voie rigoureuse ne doit-il pas choisir entre différents types d’outils mais les employer à bon escient, le chiffre ou le verbe selon les sujets à traiter et la problématique soulevée. Ce qui remet en cause l’organisation générale du travail de recherche.

mots clés: DONNÉES (BANQUE DE), ÉPISTÉMOLOGIE, GÉOGRAPHIE QUANTITATIVE, IDÉOLOGIE, RECHERCHE GÉOGRAPHIQUE


Cor Van Beuningen. Le marxisme et l’espace chez Paul Claval

L’article est conçu comme une contribution à la construction d’une géographie sociale scientifique — une géographie marxiste (potentielle) — au moyen d’une critique des conceptions de Paul Claval concernant le marxisme et l’espace, dans ses articles parus dans cette revue. La conception clavalienne de l’espace (comme objet de la géographie sociale) est inadéquate, car empiriciste; cette conception est futile et sans signification, du point de vue théorique, et ne peut aboutir qu’à des explications ad hoc. Nous situons historiquement et théoriquement ses conceptions «spatialistes». Face à cette conception s’élabore une notion d’espace qui est spécifique à, et théoriquement adéquate pour, la science géographique. Ensuite, on vide la critique clavalienne de la méthode de Marx en démontrant que cette critique n’est pas valable parce que Claval critique un Marx althussérien. Vis-à-vis de ce Marx althussérien-clavalien se présente un Marx «réaliste»; et nous présentons une interprétation différente de l’évolution dans la pensée de Marx. La pertinence de celle-ci pour la géographie sociale est indiquée.

mots clés: ÉPISTEMOLOGIE, ESPACE (NOTION D’), MARXISME, PRATIQUE DE LA GÉOGRAPHIE, THÉORIE


André-Louis Sanguin. La controverse Anuchin (1960-1976), un tournant dans l’histoire de la pensée géographique en URSS

L’école soviétique de géographie est mal perçue en Occident à cause du blocage linguistique et d’une transmission souvent malaisée de l’information scientifique. La géographie soviétique répond à un certain nombre de principes et d’options fondamentalement différents de ceux des écoles nationales ouest-européennes et nord-américaines. Jusqu’aux années soixante, cette école évolua à l’intérieur de cadres rigides déterminés par le dogme stalinien. Un changement majeur est survenu grâce à la portée générale de la Controverse Anuchin: par les questions qu’il a soulevées, ce débat fut le plus important problème scientifique affronté par le communisme depuis les controverses sur la génétique de Lissenko dans les années trente et quarante. Actuellement, la géographie soviétique se rapproche insensiblement des standards universels de la discipline.

mots clés: ÉCOLE SOVIÉTIQUE, ÉPISTÉMOLOGIE, HISTOIRE DE LA GÉOGRAPHIE, THÉORIE DE LA GÉOGRAPHIE


Jean Robert. «Theoretical problems of geography» de V.A. Anuchin.


Jean-Bernard Racine, Antoine S. Bailly. La géographie et l’espace géographique: à la recherche d’une épistémologie de la géographie

Plus qu’un commentaire de l’ouvrage d’Hildebert Isnard sur l’espace géographique, cet article s’interroge sur la validité des voies empruntées par la nouvelle géographie. La problématique systémiste permet-elle une relecture de la géographie humaine traditionnelle? À condition de considérer l’espace géographique comme produit social, de glisser de l’induction qualitative à la déduction quantitative, la Nouvelle Grille systémique devient un paradigme dans lequel notre réflexion peut s’inscrire. Principes de totalité, de hiérarchisation, de différenciation, de finalité, permettent alors de définir le géosystème, traduction de la dialectique espace-société.

mots clés: ESPACE, ÉPISTÉMOLOGIE, GÉOSYSTÈME, GÉOGRAPHIE THÉORIQUE


Position de recherche

Henry Bakis. L’émergence d’un nouvel espace relationnel mondial étudiée à travers les communications des grandes entreprises


L’approche culturelle en géographie

Paul Claval. Régionalisme et consommation culturelle

Les géographes s’intéressent depuis toujours à la région mais sont étonnamment discrets dans les débats que suscitent aujourd’hui les mouvements régionalistes. Une réflexion de fond s’impose cependant: faut-il accepter et endosser les idéologies territoriales, celle de la région après celle de la nation, ou les démonter, analyser ce qui fait leur succès et marquer leurs limites?

Les sociétés occidentales sont des sociétés affluentes et emploient de plus en plus leur richesse à des consommations culturelles qui témoignent de la quête d’identité de leurs membres. Face à une civilisation universaliste qui satisfait mal leurs aspirations, des contre-cultures se développent, dont les régionalismes modernes constituent la variante européenne.

Le problème que pose le développement des régionalismes est donc bien plus celui de l’équilibre de l’homme moderne que celui des mérites et des torts de la société nationale contre lesquels ils s’élèvent.

mots clés: CULTURE, PERSONNALITÉ (THÉORIE DE LA), RÉGIONALISME, SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION


Joël Bonnemaison. Les voyages et l’enracinement. Formes de fixation et de mobilité dans les sociétés traditionnelles des Nouvelles-Hébrides (3 fig.)

Chaque groupe mélanésien est, dans la société traditionnelle, lié par des liens mystiques et généalogiques à un territoire clos, «personnalisé» et bien délimité, dont il a le contrôle absolu. Si la mobilité à l’intérieur du territoire est libre, elle cesse de l’être hors de ses frontières. Le contrôle établi par chaque groupe local sur la part de territoire qui est la sienne aboutit à une formalisation de la mobilité extérieure et entraîne, par là-même, une idéologie de la «fixation» ou de l’enracinement. La fixation au territoire, souvent justifiée par la référence à un mythe d’origine qui est en même temps une cosmogonie, fonde les droits fonciers et enracine au sol les différents clans qui constituent le groupe social. La société traditionnelle peut être, dans cette perspective, définie comme une société fondamentalement stable, contrôlant étroitement les relations de chacun de ses membres avec le monde extérieur. Il ne s’ensuit pas, pour autant, que la mobilité ou le voyage à l’extérieur ait été inconnu, ou même qu’il ait été rare: dans les îles du Nord, les relations d’alliance et de business liées à l’échange et aux prêts de cochons, qui sont à la base du système de la hiérarchie des grades, pouvaient entraîner de longs et fréquents voyages en dehors du territoire d’origine. Mais chacune de ces relations extérieures devait, pour exister, répondre à un certain nombre de normes culturelles. Le heurt avec le monde «blanc» dans la deuxième partie du XIXe siècle, et le développement d’un nouveau système politique et économique, ont contribué à une «déstabilisation» de la société traditionnelle, sans pour autant en modifier les perspectives culturelles.

mots clés: COMPORTEMENT SPATIAL, GÉOGRAPHIE CULTURELLE, MOBILITÉ, NOUVELLES HÉBRIDES, SOCIÉTÉS TRADITIONNELLES


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dernière mise à jour: 11 février 2019