Le développement durable en haut de l'échelle

Roger Brunet

Si Flaubert était parmi nous, il ajouterait à son Dictionnaire des idées reçues: «Développement durable: En parler toujours. Nul ne peut être contre.» Lancée en 1980 par l'Union internationale pour la conservation de la nature, consacrée en 1987 par le rapport Brundtland, sanctifiée à Rio de Janeiro en 1992 et inscrite dans le traité de Maastricht, la notion a mis quinze ans pour s'imposer, mais a pénétré partout, puisque l'on parle même de la ville «durable». Pour être banalisée, en est-elle devenue plus claire? Et comment s'interroger sur les échelles du vague?

1. L'obligation de développement durable

La survie de l'humanité. Les origines sont connues: conservation de la nature, effort pour éviter la réduction du stock actuel de poissons et d'arbres (rapport Brundtland), ambition de maintenir la couche d'ozone et la température de l'atmosphère à leurs niveaux actuels (Conférence de Rio). Il s'agit de faire durer un milieu physique du temps présent, considéré comme menacé par une humanité devenue trop nombreuse et trop puissante. C'est donc que ce milieu est admis comme satisfaisant, ou du moins comme «le meilleur des mondes possibles» depuis Leibniz et Candide. Ses modifications, perçues comme altérations, mettraient en danger l'humanité. Celle-ci doit accepter de limiter certaines de ses activités, de façon à agir sans compromettre les conditions naturelles d'existence des générations suivantes.

L'idée est donc conservatoire et morale. Elle n'est pas nouvelle, puisque c'est la même qui est censée avoir fondé la «sagesse paysanne», ménagère de ses terres. Mais elle s'adresse à des acteurs beaucoup plus puissants, pourvus de techniques que l'on soupçonne de pouvoir changer la nature de la planète. Toutefois, elle admet le développement, par définition: c'est un progrès sur le Club de Rome (rapport Meadows de 1972), qui voulait limiter la croissance, sinon l'arrêter selon son titre français(1).

Ambiguïtés sémantiques. À ce propos, il importe de noter que les traductions contribuent à l'ambiguïté d'une notion déjà ambivalente en anglais, langue qui joue volontiers sur les mots. Car durable est plus limité que sustainable, qui signifie à la fois durable et supportable. On pourrait dire en français: endurable. Or ce mot n'a pas la même étymologie que durable: il évoque ce qui est dur, non ce qui est long. On sait que soutenir et supporter ont en anglais de faux amis à peu près exactement inversés. Si l'on ajoute que global en anglais se réfère au globe, et doit se traduire par mondial en français, langue dans laquelle global signifie total, on comprend dans quel abîme de perplexité nous plongent les mauvais traducteurs et les scientifiques hâtifs, lorsqu'ils parlent en franglais de «développement soutenable», d'«écologie globale» ou de «changement global». Je m'en tiendrai ici au français.

Un devoir civique. Désormais, une obligation de développement durable nous est imposée par les Nations unies et par l'Union européenne. Elle a été introduite dans la loi du 2 février 1995 visant à renforcer la protection de l'environnement (art. 1), et dans la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995 (art. 2 et 6); de ce fait, elle se retrouve dans des lois antérieures, qu'elle modifie. Le Schéma national d'aménagement et de développement du territoire a été préparé par 5 commissions thématiques, dont l'une, présidée par Jean-Pierre Balligand, était intitulée «Environnement et développement durable»(2). Ces exigences demandent un minimum de réflexion sur le sens, le contenu et les échelles de ce fameux développement durable, qui reste davantage une notion qu'un concept.

2. L'échelle du développement durable est mondiale

Stocks et limites. La source est claire, l'échelle d'application évidente: il s'agit d'une préoccupation d'échelle mondiale, et des équilibres du globe terrestre. Tous les experts et commentateurs insistent sur le fait qu'elle implique, mais dans un bilan planétaire, des conséquences apparemment simples:

Certains, influencés par la théorie des catastrophes, ajoutent:

Un domaine d'incertitude. À les considérer de près, ces implications ouvrent pourtant des abîmes de perplexité. Elles ont entraîné des chercheurs à s'exciter sur des évaluations économiques de la «nature», devenue «capital écologique» dont on calcule la valeur, et sur les substituts du futur. Mais ce sont surtout les jugements subjectifs qui l'emportent, alors que rien n'est connu, encore moins démontré: ni le chiffre de la population mondiale dans trente ou cent ans, ni l'état réel de ses techniques, ni les variations réelles des climats et de l'atmosphère, ni la part des actions humaines dans ces variations(3). À cela s'ajoutent les ambiguïtés liées aux échelles de durée dont il peut être question. «Nous autres civilisations savons que nous sommes mortelles», rappelait Paul Valéry: c'est de l'ordre du millénaire. On sait même que la Terre est «mortelle»; mais c'est en milliards d'années. Entre les deux, la durée de l'humanité est encore à une autre échelle: celle des millions d'années.

Le principe de précaution. De ce fait, l'inspiration première du développement durable est la prudence. Elle s'est même traduite dans certains milieux sous la forme d'un «principe de précaution»: dans l'ignorance des risques réels d'une action, abstenons-nous. Et limitons les rejets, traitons les déchets, replantons tout ce qui peut l'être, etc. Discutable à l'échelon individuel, où la prise de risque fait partie de la vie, ce principe a d'incontestables vertus à l'échelon d'une communauté et, à plus forte raison, de la planète. Il a déjà fait l'objet de travaux subtils, surtout dans le domaine juridique(4). Encore faudrait-il qu'il soit lui-même manié avec précaution, car il peut être l'alibi de l'inaction, du refus de toute innovation. Chacun sait que tout changement, quelque part, dérange quelqu'un; et que l'innocuité absolue d'une nouveauté ne pourra jamais être démontrée, «prouvée» à l'avance; pas plus, d'ailleurs, que l'innocuité absolue du «rien faire»; ni que l'innocuité absolue d'une mesure de précaution. Le principe de précaution est sain, si l'on y sait raison garder.

Conserver ou imaginer. Remarquons déjà qu'aux origines du développement durable le principe de précaution est associé à un manque radical d'imagination, et même de réalisme. Ne pas exploiter plus que ce que la nature spontanément reconstitue (rapport Brundtland) est une recommandation qui s'applique à la pêche et à la foresterie. Or il s'agit d'activités encore très primitives, visant une nature brute. En somme, on fait comme si l'humanité n'avait pas inventé l'agriculture et l'élevage. Il y a pourtant longtemps que l'essentiel de notre alimentation ne vient plus de la simple chasse ou de la cueillette, qui seraient incompatibles avec la population actuelle de la Terre. Or on sait élever des poissons et cultiver des arbres; dans ces domaines, presque tout reste à faire. Je ne vois rien de choquant à ce que, dans le futur, la pêche en mer et l'abattage de forêts sauvages deviennent aussi folkloriques que le sont aujourd'hui la chasse au bison ou la cueillette des myrtilles; et rien n'oblige à mal nourrir les poissons.

Une dimension d'altruisme. L'idée de développement durable, prise à l'échelle mondiale qui lui convient, a le mérite de contenir une dimension d'altruisme: elle est empreinte du souci des autres, dans le temps et dans l'espace. Aussi a-t-on vu très vite s'introduire dans les discours sur le développement durable des considérations éthiques et politiques. La notion implique en effet l'idée de «solidarité intergénérationnelle»: agir de telle façon que l'existence de nos successeurs ne soit pas compromise. Elle a très vite reçu un complément, non nécessaire, mais parfaitement honorable, sous le nom de «solidarité intragénérationnelle»: il s'agit d'être solidaire - non pas des voisins, ce qui va de soi puisque les pollutions n'ont pas de frontière, mais des pauvres. À la fois des pauvres de chez nous, dont on reparle enfin; et, à l'échelle mondiale, des pays pauvres, dont on parle plutôt moins généreusement que naguère. Avec «solidarité», les mots de démocratie et d'équité sont même venus s'ajouter à quelques définitions du développement durable.

Trois questions de fond. C'est très satisfaisant, mais ne manque pas d'ouvrir d'autres abîmes. Prenons trois exemples de ce qu'implique ou découvre cette acception large du développement durable.

  1. L'on observera qu'en France, nous en sommes à l'opposé, dans un pays où s'accroissent les inégalités, et où nous avons dégradé l'emploi dont héritent les jeunes générations, qui trouvent une situation plus mauvaise que celle que nous avons trouvée en entrant.
  2. Le développement durable se lit volontiers comme passage de la quantité à la qualité(5). C'est d'ailleurs ce que le mot développement implique en lui-même, par rapport à l'idée de croissance. On s'en réjouirait si l'on ne constatait que, chaque fois que l'on renonce, que la conservation l'emporte sur le progrès, et l'immobilité sur le mouvement, l'argument de qualité resurgit, mais comme feinte. Ce fut le cas pour l'aménagement du territoire en France à partir de 1974. Le problème est qu'il n'est pas de qualité qui vaille tant qu'une quantité suffisante n'est pas atteinte. Beaucoup de peuples au monde, et de familles en France, opteraient encore volontiers pour quelque surplus de quantité.
  3. C'est bien ce que contient le débat sur les voies de développement du Tiers Monde. Une conception stricte et limitée du développement durable exigerait que les pays moins développés prennent leurs propres précautions, dépolluent, abandonnent l'exploitation forcenée du charbon, évitent de passer aux engrais chimiques, etc.; à la place, nous leur vendrions nos aliments et nos centrales nucléaires La discussion fut vive au moment de la conférence de Rio(6). Or une conception plus globale et plus équitable admettrait que ces pays cherchent leurs propres voies de développement, serait-ce en malmenant la nature; et quel droit avons-nous de leur demander de le faire moins que nous le fîmes?

3. Contradictions du développement durable à l'échelle mondiale

Le sens des systèmes et de l'écoumène. L'idée de développement durable a l'incontestable mérite de rappeler le côté systémique des uvres humaines, des ensembles naturels (écosystèmes) et de leurs relations. Elle oblige à réfléchir aux conséquences de nos actions, à imaginer leurs possibles rétroactions. Toute action a les siennes; certaines peuvent être positives, et améliorer une situation; plus d'une se manifeste comme «effet pervers» - dans l'ensemble, ou pour quelques-uns, ce qui n'est pas du tout la même chose. Voilà qui n'est pas nouveau non plus, mais il est fécond de se poser la question à l'échelle mondiale comme à celle de nos actions quotidiennes, et de penser «global», au sens français comme au sens anglais. La mode a ses vertus. On peut se féliciter de cette avancée, qui résulte des leçons tirées d'accidents célèbres, des alertes de nombreux scientifiques, de l'intelligence de certains entrepreneurs, et des luttes des mouvements écologistes sérieux. Tous ont affiné le sens de l'écoumène: la Terre est notre habitat; nous ne pouvons l'envisager qu'à travers la relation qu'entretient l'humanité avec la planète dont elle fait partie; et c'est en étant humains sur la Terre, selon la belle formule d'Augustin Berque(7), que la durée s'envisage.

La mise en cause du marché. Derrière la mode, cependant, se profilent des intérêts. D'un côté, on ne peut manquer d'apercevoir l'incompatibilité radicale du développement durable et du libéralisme intégral, ou de la loi du profit dans sa radicalité. Les firmes ne sont pas contre le profit durable, mais elles vivent du profit à court terme; et elles sont contre ce qui réduit immédiatement ou durablement leurs profits(8). C'est bien en raison de leurs exactions (pêche et coupes forestières dévastatrices, dégradation des sols de plantations et de grandes fermes, épuisement de gisements, pollutions massives, altération de paysages pour l'exploitation du touriste, etc.) que la question a été posée. Le développement durable ne peut donc manquer, s'il est cohérent et conséquent, de s'opposer à la stratégie actuelle des grandes forces économiques mondiales, et aux idéologies ultralibérales qui la soutiennent. Toute mesure de développement durable heurte des groupes d'intérêts: une agriculture plus ménagère a contre elle nombre d'agriculteurs, et de chimistes; intégrer les coûts réels du transport ameute les routiers; calculer les coûts environnementaux des ateliers et usines n'enchante pas les entrepreneurs; économiser l'énergie blesse les intérêts pétroliers; substituer la pisciculture à la pêche et l'arboriculture à l'abattage trouble quelques professions, voire des poètes. Cela fait beaucoup d'obstacles.

Les acteurs cachés du développement durable. D'un autre côté, il existe de forts mouvements d'intérêt en faveur du développement durable, qui ne sont pas nécessairement beaucoup plus rassurants. Jürgen Habermas a raison d'insister: il est toujours utile de s'interroger sur les intérêts des acteurs, et les raisons de «faire» ou ne pas faire. Dans la mesure où l'idée de développement durable est souvent réduite à celle de la «préservation» de la «nature», la question est liée au contenu de ces mots, et à l'analyse critique de l'écologisme. D'excellents ouvrages ont déjà défriché le sujet(9). Pour être bref, je ne retiendrai que quelques thèmes, qui d'ailleurs ne s'excluent pas.

L'écomarché. Le développement durable convient à certains intérêts strictement financiers: on a souvent souligné à quel point des firmes profitent de l'«écomarché». L'une d'entre elles a même été soupçonnée d'avoir fait la publicité du trou de la couche d'ozone parce qu'elle était la première à disposer d'un substitut aux chlorofluocarbures (CFC). Nos journaux sont en ce moment même emplis de propagandes assez cyniques d'Elf et de Ciba-Sandoz (devenu Novartis), tout à fait dans le sens du «développement durable». Elf, au moment même où il est soupçonné de comportements de grand prédateur, et pour cela objet de vigoureuses enquêtes judiciaires, prétend même reboucher le trou d'ozone et démazouter les mouettes: c'est l'impudeur qui est durable.

Le conservatisme. La conservation de l'existant va au-delà du simple principe de précaution. Elle flatte les ennemis du progrès. Elle suppose que nous sommes tellement fiers de la situation présente que nous souhaitons la transmettre intacte à nos successeurs, «telle que nous l'avons trouvée en entrant». Imaginons que tous nos prédécesseurs en aient fait autant: nous serions encore dans les grottes, à guetter le cabri ou le ragondin qui passe. Devrions-nous leur en savoir gré? Heureusement le monde a changé, grâce au travail de nos prédécesseurs. Est-il néanmoins, aujourd'hui, tel que nous ayons réellement envie de le transmettre en l'état, sans y rien modifier?

Le naturalisme. Développement durable est souvent traduit, restrictivement, comme: protection de la nature. Celle-ci est par conséquent supposée idéale, chargée de vertus parce qu'elle est; et sans doute parce qu'elle est perçue comme création divine. C'est oublier qu'elle change en permanence et très naturellement, quoique à des rythmes qui ne sont pas ceux de l'humanité; et qu'il est peu d'endroits au monde, pas un seul en France, où elle soit véritablement «naturelle». L'humanité a toujours modifié la nature: inventant l'agriculture, sélectionnant les espèces, captant les eaux pour irriguer, aménageant les versants, etc. Ce que nous consommons est le fruit de notre patiente ingéniosité. Comment peut-on vanter les mérites des crus et des produits d'appellation les plus raffinés, et faire comme s'ils étaient «naturels»? Nous avons en ces sujets de larges marges de progrès; et c'est la loi du profit maximum qui a rendu les vaches folles, non le travail continu sur les espèces. Ne voir que «dégradation» dans ce long effort, et dans tout travail sur la nature, est faire référence à un supposé Éden originel. C'est au mieux un réflexe naïf de citadin, qui rêve une nature innocente et vertueuse. Je doute si les mêmes apprécieraient que les campagnes françaises, profondément humanisées au point de n'avoir rien de naturel, soient rendues à leur paysage «sauvage» - encore faudrait-il préciser de quelle ère géologique

L'organicisme. La régression naturaliste s'accompagne souvent d'un organicisme désuet, qui fait voir non seulement la Terre comme déesse vivante et souffrante(10), mais même la ville comme une sorte d'être vivant autonome, la société comme un être mystérieux, tous soumis aux «lois» biologiques. Et, ainsi, priés de se défendre contre leurs «agresseurs». De là se nourrissent des attitudes racistes, xénophobes et malthusiennes(11), et se relégitiment sans cesse les prétendues lois «naturelles», à commencer par l'inégalité. Trop de métaphores autour d'une «nouvelle alliance», ou du «vivant» dans «l'économique», ont été prises au pied de la lettre, qui font passer des représentations abstraites ou des images pédagogiques imprudentes pour des réalités vivantes autonomes, qui nous échapperaient et nous domineraient.

L'irrationnel et la peur. Ces attitudes, qui souvent soutiennent et contraignent l'idée de développement durable, sont associées à un nouveau flux d'irrationalité, et à des peurs de fin de millénaire. J'en vois au moins trois: peur de manquer, peur de l'autre, peur du complexe. Peur de manquer? Souvenir des disettes, angoisse de la «fin des paysans» et des «campagnes abandonnées»; plus le poids de théories du XIXe siècle sur la thermodynamique et l'inéluctable dégradation de l'énergie, mélangeant les échelles et oubliant que la pensée, qui est le propre de l'humanité, est créatrice d'information et d'énergie. Peur de l'autre? Elle retrouve les fantasmes sur la «surpopulation» du monde, fait craindre le voisin et détester le «nomade» et le «déraciné»: retour à Barrès, au «sol» et au «sang», au territoire jaloux, à un biologisme frelaté; elle fait haïr l'humanité entière. On sait que c'est là une motivation profonde de plus d'un «défenseur des animaux», qui d'ailleurs à l'occasion les massacrent allègrement au nom de la chasse, de la tradition et de la nature réunies; et, plus généralement, de l'intégrisme écologiste, qui considère que l'espèce humaine est le grand ennemi de la Terre, et que le «développement durable» du globe passe par la réduction, voire la disparition de la dite espèce. Peur du complexe? Féconde en science, la pensée du complexe a aussi ses ismes, et des idéologies dévoyées. Des modes intellectuelles se sont emparées d'acquisitions scientifiques relativement récentes sur les discontinuités, les systèmes, le chaos, les attracteurs, les fractales, pour en tirer d'étranges doctrines. Elles prennent à la lettre des images et des métaphores comme celle du battement d'ailes de papillon, qui déclenche un ouragan à l'autre bout du monde, en oubliant toute notion d'échelle. Ce monde imprédictible fait peur: oserons-nous y toucher? Appelant «catastrophe» le moindre saut, le moindre pli, les modes les plus anodines concluent à la prudence extrême: principe de précaution. Les plus échevelées relèvent de la secte, chantent les mérites de la scolastique et condamnent la science avec la modernité: de nouveaux chamanes réinventent la malédiction divine, à l'ubac de la postmodernité(12). Cela aussi se lit dans le développement durable.

Qu'est-ce qui doit durer? C'est dire qu'il y a plus d'une façon d'envisager le développement durable; et même des oppositions quant à l'objet de la durée. S'agit-il de faire durer la biosphère actuelle, prévalant sur l'humanité? Ou de faire durer l'humanité, en visant un développement qui la fasse vivre mieux? Ou encore, de faire durer le système social actuel, dans ses principes, ses hiérarchies et ses inégalités? Il arrive qu'un anodin glissement de mots ait valeur d'aveu, comme lorsque l'on exprime l'ambition d'élaborer un mode de développement durable(13). Alors que, si l'on veut que quelque chose dure, c'est en faisant évoluer son mode de développement. Selon les réponses à ces questions, change du tout au tout ce que précisément il y a lieu de faire.

Développement solidaire. On aura compris que mon choix est résolument anthropocentrique: veillons à assurer le développement humain, serait-ce en continuant à transformer la nature - ce qu'heureusement l'humanité a toujours fait, au risque de se tromper parfois. Mais de la façon la plus équitable et la plus solidaire possible, en anticipant les effets attendus des actions, en avançant l'hypothèse qu'un développement solidaire est forcément durable, et qu'un développement n'est durable que s'il est solidaire, entre nous et avec nos successeurs. C'est pourquoi l'expression de «développement solidaire» me semblerait hautement préférable.

Exigences premières. Un tel choix est largement partagé, parmi ceux-là même qui militent pour un «développement durable». Or il a des exigences lourdes. En toute logique, à l'échelle mondiale, il implique d'abord la préservation de la vie humaine présente, et de ses possibilités de reproduction. La première exigence d'un tel développement durable serait donc le désarmement général. Il implique aussi que l'on donne priorité à un effort unanime contre la malnutrition, les endémies et les épidémies, la drogue. Il suppose une élévation générale du niveau d'information, de réflexion et d'instruction, et donc un effort contre les résurgences de l'obscurantisme. Il appelle une réaction contre les systèmes de déstructuration sociale, de fabrication de chômeurs, de perte des solidarités élémentaires, de haine et de racisme. Il met en cause le triomphe de la loi du profit maximum et immédiat. Tout le reste est littérature, ou faux semblant, ou exposé à l'inefficacité.

4. L'insoutenable «ville durable»

Sustainable city. S'il est pris selon ses origines, et dans sa dominante écologique, le développement durable n'a évidemment aucun sens au niveau local. S'il est pris dans sa dimension humaniste, il en peut retrouver. C'est ce que montrent, jusqu'à la caricature, les extensions du mot d'ordre de développement durable à une prétendue «ville durable», s'efforçant de transposer à l'échelle de la ville des considérations qui n'ont de légitimité qu'à celle de la planète. Une bonne part de ces spéculations nous vient d'Amérique du Nord, dont les réalités urbaines et les représentations de la nature sont assez substantiellement différentes des nôtres. Aussi le côté «supportable» de l'anglais sustainable y a-t-il peut-être plus de poids que l'idée de durée.

Viable ou vivable. L'expression «ville durable» est en effet passablement ridicule: nous savons par expérience que toute ville est durable. Celles qui ont disparu sont peu nombreuses; c'était il y a bien longtemps, et manu militari, ou quand se sont effondrées des civilisations entières; rarement, sous un volcan. Le réseau urbain de la France n'a pas changé depuis plusieurs siècles, à quelques cités minières près, et ressemble fort à celui des Romains. D'ailleurs, l'expression devient à l'occasion «ville viable», puis «ville vivable». Ce n'est pas du tout la même chose.

Urbanisme élémentaire. Chercheurs et bureaux d'études canadiens et étatsuniens(14) se sont efforcés de transposer directement et, disons-le, sans génie, les préceptes les plus strictement biologiques et organicistes du développement durable planétaire. Est alors qualifiée de «durable» une ville qui non seulement vise à réduire les consommations d'énergie et les pollutions, mais encore à «consommer» le moins d'espace possible, tout en y laissant le plus de «nature» possible. Tous les poncifs de l'écologisme primaire s'y retrouvent: jusqu'à confondre nature et agriculture, et non sans une obsession de l'ordre et de la coercition qui font vite passer de l'«écologiquement correct» à l'écofascisme.

Les monades urbaines. Une solution logique, et présentée comme telle, est la densification maximale. Dès lors, la tour devient l'idéal écologique du durable. Babel s'en trouve réhabilitée. Ou peut-être même Le Corbusier. L'aboutissement «naturel» devrait en être ces monades urbaines imaginées par Silverberg(15): des tours effilées, de mille étages et 3 000 mètres de haut, abritant près d'un million d'habitants, non sans une organisation très hiérarchique qui fait le sel de son roman. Entre les tours, on mettra «de la nature», de la forêt, des parcs avec des kangourous, sinon des ours, et puis des loups. Personne d'ailleurs ne les verra, sinon de loin, car comment sortir d'une tour-monde? Cela ne comptera pas comme espace urbain, mais comme espace «naturel», et la Terre sera sauvée; Silverberg s'amuse même à lui compter 75 milliards d'habitants.

Utopie rétro. Ce qui se dit de la ville «durable» n'est rien d'autre qu'une relecture d'utopies oubliées, en moins réussi. La littérature nord-américaine, d'ailleurs, regorge d'utopies écologiques. Elle redécouvre Thoreau et son Walden, qui eurent leur logique, mais réservée au petit nombre. Callenbach avait anticipé le développement durable et modeste, pour une Californie autarcique, dès 1975(16). Tout urbaniste a appris que William Morris, parce qu'il avait le sens de la solidarité, ou Ebenezer Howard, parce qu'il était inventif, avaient déjà dit beaucoup mieux(17). Eux-mêmes savaient que, si une nature est entièrement recréée, c'est-à-dire artificielle, elle n'est plus la nature.

Le retour à la terre. Inévitablement, sous le développement durable réapparaît la détestation de la ville, et de l'urbanité. On a proclamé un peu tôt la «fin de la ville», qui ne s'est pas produite. Elle reste une obsession, depuis que l'on dénonce ce «lieu de perdition» de toutes les «valeurs ancestrales», c'est-à-dire depuis toujours. En bonne logique intégriste, le développement durable devrait effacer la ville: la ville «durable» est celle qui se nie. Déjà l'on préconise de repeupler les campagnes: peur du vide, peur de manquer de vivres, haine des foules, terreur du Bronx ou des Minguettes. Le débat de 1994 sur l'aménagement du territoire a fait resurgir ces fantasmes, dès un étonnant Document introductif officiel(18) qui présentait le territoire national comme un «capital» «convoité» aux campagnes «désertées» et à «reconquérir».

La ville pour demain? D'autres, plus sérieux, sont sensibles au fait que les besoins évoluent, que les populations urbaines «vieillissent» (bien moins que les rurales, en fait), et qu'il faut donc construire maintenant en prévision des besoins de demain. C'est ambitieux, et probablement assez vain. Le risque est de faire des villes incommodes aujourd'hui, pour un lendemain imaginé, auquel elles pourraient être tout aussi inadaptées. Préparer des réserves foncières, calibrer large les voiries sont des précautions élémentaires, quoique éventuellement coûteuses. Mais l'on devrait se garder de confondre la durabilité des équipements et la durabilité du développement. Avançons l'hypothèse, même, que la ville la plus «durable» est celle où les équipements le sont le moins, parce qu'elle est plus malléable, plus adaptable, plus évolutive. Autant peut inquiéter à bon droit une certaine insistance sur la «flexibilité» du travail, telle qu'elle se manifeste, autant pourrait avoir du sens la ville flexible. À deux réserves près évidemment: que la flexibilité ne soit pas synonyme de mauvaise qualité, et que soit soigneusement entretenu et protégé ce qui mérite de durer, beffroi, cathédrale ou place du marché. Osons dire que c'est la ville vivable d'aujourd'hui qui fait la ville viable, c'est-à-dire durable.

Erreur d'échelle. On lit dans le rapport canadien cité que toute intervention sur la ville est «dorénavant tenue de répondre à des critères définis en fonction d'objectifs à portée environnementale, comme la conservation des ressources ou le maintien de l'intégrité écologique des milieux». C'est inquiétant. Outre ce que soulèvent ces expressions, surtout la dernière, cette sommation témoigne d'une regrettable confusion mentale, et d'une erreur d'échelle. Il s'agit d'un vrai faux problème, et de préconisations inapplicables, ou sans objet. Une ville doit être vivable, et aujourd'hui. Cela peut demander de très gros efforts de réaménagement. L'essentiel porte sur un paysage qui est construit, et surtout sur la qualité et l'accessibilité des services, comme sur la densité, la qualité et l'équité des relations sociales. Bien entendu, cela n'empêche nullement, tout au contraire, d'y favoriser les transports en commun, la bicyclette et la voiture électrique, d'y planter des arbres, d'y mettre des fleurs, de traiter correctement les effluents, et de faire un effort d'imagination en architecture. On ne voit pas ce qu'y ajouterait l'incantation du «durable». Et l'on sait bien que les problèmes sociaux ne seront pas réglés par l'urbanisme, mais par la politique générale, à l'échelle de la nation, de l'Europe et, en partie au moins, du système mondial. Toutes ces choses n'ont rien, mais rien à voir un mot d'ordre de «précaution» visant la nature physique, chimique ou biologique à l'échelle planétaire; encore moins avec l'intégrisme écologique.

5. Les échelles intermédiaires

Le sens de la différence. Entre le lieu et l'espace mondial, il existe toute une série d'échelles intermédiaires au sein desquelles l'idée de développement durable a d'autant plus de sens qu'elle est plus globale. «La recherche du développement durable suppose d'une part de prendre en compte des échelles territoriales pertinentes à l'intérieur desquelles peuvent s'exercer des mécanismes de complémentarité et de solidarité et s'estomper les phénomènes de concurrence lourds en gaspillage, et d'autre part de reconnaître qu'il tire parti des caractéristiques propres et des ressources appartenant à chaque territoire, différentes d'un territoire à un autre», écrit sagement la commission Balligand(19). Les considérations strictement écologiques peuvent y avoir quelque pertinence, mais certes ne sauraient suffire. D'ailleurs le même texte insiste aussitôt sur deux objectifs: l'intercommunalité, la différenciation géographique des stratégies d'intervention; et explore ensuite les domaines de l'eau, de l'espace périurbain, des transports et de l'énergie.

Changer pour durer. Les niveaux sont très divers, la durée des aménagements fort variable, les objectifs changent selon les lieux et les époques, mais l'on est toujours intervenu sur le territoire et sur la «nature». Un pays comme la Champagne a été tour à tour défriché lorsqu'il a fallu nourrir une population accrue; puis à demi abandonné et planté de pins lorsque la stratégie, au XIXe siècle, fut d'en faire un glacis de protection de Paris contre l'ennemi héréditaire, qui venait du Rhin: on y a réduit l'espace agricole à des clairières ainsi reconstituées à l'envers; enfin totalement redéfriché après 1950, quand a changé la donne stratégique et que l'on a su cultiver avantageusement la craie: de pouilleuse, la Champagne est devenue opulente, et ne s'en plaint pas. La transformation radicale de l'espace naturel des Landes par la plantation de la forêt a été plus durable, encore que l'on ait su ensuite y faire la part du maïs. Des contrées sont devenues minières ou industrielles, puis ont changé d'activité; d'autres, qui semblaient frappées d'une inéluctable «désertion», sont en train de séduire et de retrouver des habitants. Qu'est-ce alors qu'un développement durable, sinon la capacité à se renouveler et à changer?

Trois dimensions surtout semblent pertinentes pour une réflexion sur les actions qui peuvent concourir au développement solidaire, et qui exigent en effet une certaine solidarité: nommons-les pour simplifier l'agglomération, le bassin, le pays, ce qui en montrera d'ailleurs les imbrications. Dans tous les cas, il y faut un souci global du territoire et des interventions, prises dans leurs interactions. C'est ainsi, déjà, et avant la mode du développement durable, qu'ont procédé en France les «grands aménagements régionaux»: l'aménagement de la côte languedocienne à fins touristiques ne s'est pas fait sans démoustication ni plantations, l'aménagement des coteaux de Gascogne à des fins d'irrigation a mis des piscines dans les villages et amélioré l'information et la formation des agriculteurs, etc. Ces dimensions ne sont pas réductibles à la compétence d'un niveau particulier de collectivité territoriale, mais exigent toujours la coordination de plusieurs niveaux (commune, département, région), selon des configurations variables et même mobiles. Une erreur profonde serait de redécouper le territoire en fonction des problèmes identifiés, qui correspondent en général à des situations changeantes, des limites floues, et des imbrications complexes.

Hautes densités. De réels problèmes d'aménagement et de développement se posent à l'échelle des grandes agglomérations, conurbations ou régions urbaines. Ils sont multipliés par la tendance à l'étalement des villes, aussi nommée périurbanisation. Ces espaces bougent vite, sont l'objet de spéculations foncières et immobilières, d'incohérences et de nombreuses carences: équipements trop rares ou incoordonnés, voiries inadaptées, adductions et effluents insuffisants, gaspillages d'espace, dispersion d'inefficaces «zones d'activités» uniquement destinées à fournir un peu de taxe professionnelle, etc. C'est là qu'en France se posent les vrais problèmes d'environnement. C'est là qu'il faut prévoir, et prévenir mieux encore que guérir; or prévenir n'est pas bloquer, mais étudier, coordonner, équiper. Une politique vigoureuse de schémas directeurs sérieux, de concertation, d'harmonisation fiscale, et une réelle autorité d'arbitrage y sont devenues plus nécessaire que jamais. On peut associer à cette dimension la réflexion et l'action dans les espaces transfrontaliers, par lesquels s'articulera peu à peu un espace européen qui gagnerait à quelque intégration géographique, sans doute bien plus encore que monétaire.

Cohérence spatiale. Une autre dimension est celle des ensembles physiques cohérents, au sein desquels les lieux sont solidaires par leur situation ou par leurs problèmes. On a su depuis quelque temps mettre au point des politiques de bassins fluviaux, des politiques de la montagne ou du littoral. Sous réserve qu'elles ne soient pas strictement conservatoires d'une situation momentanée, arbitrairement proclamée «naturelle», elles vont dans le sens d'un développement solidaire. Aux citoyens - ceux du pays tout entier - de décider quelle part de «nature sauvage» ils veulent y voir, et quelle part de nouveaux aménagements.

L'échelle du «pays». La troisième dimension est celle du «pays», au sens local du terme. La loi du 4 février 1995 le définit (art. 22) comme «un territoire présentant une cohésion géographique, culturelle, économique et sociale», ce qui reste bien vague et a l'air de prendre «géographique» pour synonyme de physique, ou d'écologique. Elle ajoute (art. 23) que le pays «exprime la communauté d'intérêts économiques et sociaux ainsi que, le cas échéant, les solidarités réciproques entre la ville et l'espace rural»; ce n'est pourtant pas équivalent. Pour le moment, les projets de pays vont de quelques communes rurales complices (et souvent pour s'opposer à la ville proche) à de quasi-départements, comme le pays Basque et le pays de Béarn, récemment consacrés par l'autorité préfectorale. Du moins l'idée de pays suppose-t-elle la volonté de faire quelque chose ensemble, de façon concertée et, on peut l'espérer, ouverte, conviviale et démocratique. C'est à ce niveau que, de préférence, devraient être étudiés les projets d'équipement, la localisation des services, les réseaux, l'entretien des espaces ouverts; et mises en commun les ressources fiscales.

Les lulu des nimby. L'échelon du lieu, de la commune même, n'est au contraire à peu près jamais pertinent, sauf s'il s'agit de prévenir risques et nuisances de proximité. On sait bien que les petits ruisseaux font les grandes rivières, et que le développement de la planète entière a quelque rapport avec l'addition des actions locales. Mais ce n'est pas une somme simple, d'abord parce que la plupart des actions locales n'ont aucun effet sur le système mondial, ensuite parce que nombre d'entre elles se contredisent, ou annulent leurs effets. Une centrale éolienne est «écologique», mais a de fortes nuisances locales. L'argument local est le masque de l'égoïsme: le prétexte de ces nimby (not in my backyard) qui refusent les lulu (locally unwanted land-use), comme l'on dit outre-Atlantique. Or il faut bien quelque part des usines, des routes et des carrières. Tout développement a forcément des effets locaux, éventuellement désagréables; un développement solidaire implique que ces désagréments soient compensés. Il y a longtemps que cela se fait, que l'on sait le faire quand on le veut. Il est bon que des associations militantes le rappellent, et agissent pour l'obtenir. Il serait bien qu'une «instruction civique» rénovée l'enseigne. Un nouveau slogan planétaire y apporte peu. Pire: la publicité nous a tellement fatigués des slogans que l'on commence d'abord par s'en méfier; ou même, s'y opposer instinctivement. Sur un pareil sujet, ce serait dommage.

Conclusions

Le développement durable n'est peut-être en effet qu'un slogan; disons que l'idée peut servir. En avoir balayé les échelles me semble appeler ou conforter plusieurs conclusions.

  1. La logique de la solidarité intra- et intergénérationnelle s'oppose à la fois au «rien faire» et au «laisser faire», à l'hyperécologisme (du côté du développement) et à l'ultralibéralisme (du côté de la durabilité).
  2. Le développement durable est d'abord développement: construisons, aménageons, rénovons avec intelligence, discernement, imagination et consultation; et quelque sens du futur et des effets en retour.
  3. L'activité humaine même pacifique (industrie, agriculture, pêche, foresterie, mines, etc.) n'est pas sans danger. Il est heureux que des scientifiques et des mouvements associatifs et politiques aient attiré l'attention de tous sur ses risques; de grands progrès ont déjà été faits. Il s'agit bien de progrès, auxquels la science a participé; il y faut encore plus de raison.
  4. Il n'est pas de développement durable sans solidarité, et pas de solidarité possible sans un accroissement général des richesses; qualité et redistribution impliquent une quantité suffisante.
  5. Il n'est pas de développement durable sans autorité d'arbitrage et d'équilibre, ce qui est du rôle d'États qui ne soient pas exagérément modestes et sachent contraindre les firmes, ainsi que d'institutions comme l'Union européenne.
  6. Le développement durable au sens strict n'a de sens qu'à l'échelle mondiale; mais ses principes, s'ils sont pris au sens large et dans leur plénitude, peuvent inspirer des actions à d'autres échelles spatiales.
  7. Le développement durable appelle le dépassement des intérêts locaux et, en France, un effort résolu vers l'intercommunalité.
  8. Il n'appelle pas moins de réelles concertations, une activation de la vie associative, une capacité de résistance aux logiques bureaucratiques.
  9. Cette condition souligne toute l'importance que revêtent l'information et la formation. Il nous faut de meilleures données, de meilleurs modèles, des recherches plus approfondies, des acteurs (élus, techniciens et entrepreneurs) et des citoyens mieux formés et informés. Sans quoi régneraient les prophètes et les démagogues et, derrière leur nuage d'encens, à nouveau la loi du profit, traduction moderne la «loi naturelle», celle du plus fort.


Texte publié dans la revue Pouvoirs locaux, 2, rue des Longs-Prés, 92 100 Boulogne-Billancourt


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Dernière mise à jour: 10 octobre1999