ISBN 978-2-7011-4889-2 réédition en 2008
Produit par le système colonial, l'outre-mer français en conserve nombre de séquelles. En dépit de leur éparpillement, les différentes entités qui constituent cet ensemble présentent des traits communs, résultant tout particulièrement de l'uvre de l'État, acteur prédominant depuis des décennies, voire des siècles. Les liens tissés avec la métropole l'emportent largement sur le poids du milieu pour comprendre aujourd'hui le fonctionnement de ces territoires, de plus en plus assistés économiquement, mais demandant toujours plus d'autonomie.
Le recours fréquent à l'histoire de ces lieux permet de comprendre la production de l'espace ultramarin, en partant de ses fondements: le triptyque appropriation-exploitation-gestion. Il a fallu fréquemment faire appel au contexte historique international et à l'environnement régional pour éclairer ces processus, tout comme il a été nécessaire d'avoir recours aux représentations européennes et locales, des philosophes du XVIIIe siècle aux indépendantistes actuels ou aux technocrates bruxellois. Les territoires et leurs sociétés, les réseaux, les mailles, les paysages humanisés de l'outre-mer sont donc les fruits d'actions plus ou moins heureuses et de regards plus ou moins justes.
Cette approche globale est suivie d'une double analyse de la différenciation de l'outre-mer français. D'abord, à partir de l'opposition statutaire entre les DOM et le reste de la France d'outre-mer; ensuite, en se penchant sur l'urbanisation. Ces deux structures explicatives sont aujourd'hui les approches les plus performantes pour appréhender à des échelles différentes ce que d'aucuns nomment les «outre-mers français». Toutefois, l'évolution vers des statuts «à la carte» et l'explosion urbaine commencent à perturber ces oppositions trop binaires.
Pour mieux faire comprendre un ensemble qui peut dérouter vu de métropole, l'ouvrage comporte quelques études de cas et de nombreuses illustrations, dont des cartes à des échelles différentes, des graphiques, permettant de suivre des évolutions sur la longue durée, et un cahier de photographies en couleurs et commentées.
Remerciements
Introduction
PREMIÈRE PARTIE
LA PRODUCTION DE L'ESPACE ULTRAMARIN FRANÇAIS
I. Un domaine tardivement occupé par l'homme
1. La période précoloniale
a. Les contrées habitées
b. Les contrées inhabitées
a. Les conquêtes d'Ancien Régime (XVIe et XVIIe siècles)
b. La seconde phase (XIXe siècle)
II. Une mise en valeur extravertie
1. Au fondement d'une économie dépendante: l'Exclusif
a. La doctrine de Colbert
b. Une libéralisation à sens unique
2. La longue domination de l'agriculture
a. L'enchaînement des cultures d'exportation
b. La Nouvelle-Calédonie, terre d'élevage
3. L'exploitation des matières premières et de la mer
a. Le Caillou métallifère
b. L'or guyanais
c. Le phosphate, la nacre et les perles polynésiennes
d. Saint-Pierre-et-Miquelon: haut lieu de la grande pêche
4. La colonisation pénale
a. Des fondements plus politiques qu'économiques
b. Bagne guyanais et bagne néo-calédonien
c. Un bilan négatif
5. Les effets des guerres mondiales
a. L'effort de guerre
b. La parenthèse américaine dans le Pacifique
6. L'exploitation de la position: alcool, atome et espace
a. L'euphorie de la prohibition à Saint-Pierre-et-Miquelon
b. Le CEP et après
c. Ariane ou les bienfaits de la position guyanaise
c. Des destinations majoritairement confidentielles hors de métropole
d. La renommée internationale de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie
e. Un poids croissant mais critiqué dans les économies ultramarines
Conclusion: Des élites locales qui ont prospéré sur l'extraversion
III. La lente maîtrise d'écosystèmes contraignants
a. Les effets du rayonnement solaire et de l'éclairement
b. Des températures trompeuses
c. Des précipitations inégalement réparties dans le temps
d. Des précipitations inégalement réparties dans l'espace
e. La menace cyclonique, une culture de l'alerte
f. La lutte contre les maladies tropicales
a. Les les d'arc volcanique: des domaines menacés
b. La Réunion: une île de points chauds
3. L'hostilité des terres du froid
a. Le caractère nordique de Saint-Pierre-et-Miquelon
b. Le vent tenace des TAAF
4. Pertinence et limites de l'insularité
a. Du volcan à l'atoll, des problèmes d'aménagement variés
b. L'exiguïté et l'isolement
c. Îléité et insularisme
d. L'endémisme
5. Des écosystèmes à ménager
a. Un capital corallien exceptionnel mais fragile
b. Des terres peu protégées
IV. Une gestion différenciée
a. De la sujétion à l'assimilation
b. De la coercition à l'autonomie
c. Les DOM face à des territoires aux statuts différenciés et évolutifs
a. Des communes singulières
b. Des régions monodépartementales
c. Des unités spécifiques
a. Des surrémunérations néfastes
b. Des économies déséquilibrées
c. Des îlots de richesse
4. L'Union européenne: un nouvel acteur
a. Les régions ultra-périphériques (RUP): des parties intégrantes de l'Union européenne
b. Un régime d'association pour les pays et territoires d'outre-mer (PTOM)
Conclusion de la première partie
DEUXIÈME PARTIE
LES DOM ET LES AUTRES
I. L'homogénéité des DOM
a. La canne et l'esclavage: un lien étroit
b. Les conséquences de l'Abolition
a. Les langues créoles pour ciment
b. Les différentes origines de la population
3. Une dynamique démographique associée à la départementalisation
a. Une transition démographique brutale et inachevée
b. D'importants flux migratoires croisés avec la métropole
a. Des modes de vie occidentalisés
b. De l'Etat-providence à l'Etat-assistance
5. Les forces centrifuges
a. Un Etat défié
b. Vers une différenciation des statuts
II. L'Océanie française et Mayotte, figures de l'éloignement
1. La force des populations autochtones
a. Des civilisations originales
b. Des communautés dérogeant au droit commun français
2. La prégnance du fait religieux
a. La diversité chrétienne de l'Océanie
b. Un Islam très présent à Mayotte
3. Une explosion démographique trahissant de profondes disparités
a. Une croissance très soutenue de la population
b. Des indicateurs différents suivant les communautés
4. Des sociétés entre fragmentation et métissage
a. Le Kanak et les autres
b. La fluidité tahitienne
III. La singularité de Saint-Pierre-et-Miquelon
1. Une société blanche et rebelle
2. L'instabilité statutaire
IV. Les ensembles inhabités
1. Des statuts étonnants
2. Les atouts de la situation
Conclusion de la deuxième partie
TROISIÈME PARTIE
DES VILLES ET DES MARGES
I. L'explosion urbaine
1. Des paysages urbains semblables
a. Des villes littorales
b. Des centre-villes bas aux plans orthogonaux
c. Un étalement urbain récent
d. Vers une urbanisation sans citadin?
e. L'émergence de secteurs touristico-résidentiels
2. Une primauté écrasante
a. La macrocéphalie du chef-lieu
b. Un desserrement inégal
c. La délicate organisation des déplacements
d. Des quartiers en grande difficulté
Conclusion: Un modèle de la capitale ultramarine
II. Les espaces au marge
1. Des traits désavantageux
a. Une faible occupation humaine
b. Des territoires enclavés
c. Le cas des Hauts de la Réunion
2. Vers des rééquilibrages
a. La mise en place d'aires de loisirs
b. Les effets du tourisme et de la perliculture en Polynésie française
c. Les enjeux politico-spatiaux du nickel en Nouvelle-Calédonie
d. Les vertus de la périphéricité: le cas des Îles du Nord aux Antilles
3. Les mers, ultime marge
Conclusion de la troisième partie
CONCLUSION GÉNÉRALE
NOTES
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
INDEX DES LIEU
SIGLES UTILISÉS
TABLES DES MATIÈRES