Texte intégral (4,7Mo)Dory D., Douzant-Rosenfeld D. et Knafou R. (dir.), 1993, Matériaux pour une sociologie de la géographie, Paris, L'Harmattan, coll. «Géotextes», p. 175-187.
Résumé
Les matériaux de ce travail sont les rapports d'agrégation (masculine, féminine, d'histoire, de géographie et féminine d'histoire et de géographie) que nous avons tous analysés à partir de 1931, publiés d'abord dans le Bulletin de la société des professeurs d'histoire et de géographie de l'enseignement public (BSPHGEP) puis, à partir de 1970, dans Historiens et Géographes. Nous avons choisi d'étudier les épreuves de géographie régionale, en raison de leur importance dans les concours et surtout parce que cette matière est la plus marquée par l'ambivalence pédagogique et scientifique de la discipline, héritage du dispositif méthodologique de P. Vidal de La Blache. Les commentaires que nous livrent les rapporteurs sont autant «scientifiques» qu'éthiques; par là, ils nous révèlent cet entendement professoral institué et inconscient.
Georges Chabot, rapporteur en 1949 de l'agrégation de géographie, indique que la géographie régionale est le groupement de quelques phénomènes physiques et humains sur un point du globe pour en chercher les relations. Ainsi, de nombreux sujets obligent les candidats à réfléchir sur les rapports entre les données physiques et les conditions de vie des hommes. Cette synthèse forcée ignore le fait politique et on compte cinq fois plus de sujets sur l'agriculture que sur l'urbanisation.
Le dogme le plus solidement établi, dans cette pensée académique, est le refus de toute théorie au profit du concret. Les rapporteurs ne cessent de s'élever contre les «ravages de l'abstraction». La filiation à l'histoire est aussi mise en avant, en dépit de la création de l'agrégation de géographie en 1943. Une très large majorité des adhérents de la Société des professeurs d'histoire et de géographie de l'enseignement public (SPHGEP) est pour le retour à une seule agrégation d'histoire-géographie en 1947. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que l'histoire soit si souvent sollicitée.