L’Espace géographique 1/84

EG 1/84

Version sans les résumés


Approches des paysages

Thierry Brossard, Jean-Claude Wieber. Le paysage: trois définitions, un mode d’analyse et de cartographie (9 fig.)

Le concept de paysage implique le recours à trois définitions: signe d’un système de forces en action produisant des objets (d’origine abiotique, biotique ou construits par l’homme), spectacle perçu plus ou moins nettement par les divers groupes d’usagers, sujet d’études scientifiques par lesquelles on cherchera à comprendre comment les objets produits composent les images perçues. Le «paysage visible», pour être appréhendé correctement, nécessite la mise au point d’une méthodologie spécifique. Celle-ci est basée sur un échantillon de photographies qui permet de projeter dans l’espace (R2) de la carte le contenu du volume (R3) dans lequel est inscrit le paysage visible. On vise ainsi, à l’aide de cartes, à une approche géographique de la sensibilité à la vue des paysages, des aspects visibles du paysage, et de l’organisation spatiale des combinaisons de composants, entre autres.

mots clés: ANALYSE DE SYSTÈME, CARTOGRAPHIE, ESPACE (PERCEPTION), ESPACE (PRODUCTION), PAYSAGE


Yves Luginbühl. La «montagne», un paysage de liberté pour le vignoble de Bourgogne (1 fig., 3 photos)

Deux des types principaux de paysages de la Côte viticole beaunoise, en Bourgogne, le coteau et la montagne, possèdent, pour les communautés vigneronnes, des valeurs d’usage et des valeurs symboliques complémentaires. Astreints à l’activité spécialisée de la viticulture, les habitants des villages du coteau attribuent depuis près de vingt siècles aux paysages sauvages de la montagne une fonction de réserve, concrétisée par des pratiques spontanées de prélèvement des ressources naturelles. Ces paysages, véritables labyrinthes de friches, représentent un espace de poésie et de liberté, opposé au vignoble structuré et ordonné, espace de travail et de sociabilité.

mots clés: BOURGOGNE, PAYSAGE, PERCEPTION, UTILISATION DU SOL


André-Louis Sanguin. Le paysage politique: quelques considérations sur un concept résurgent

Le paysage politique est un concept relativement nouveau en géographie culturelle et en géographie politique. Jusqu’à maintenant, il a peu retenu l’attention parmi les géographes de langue française. Cette notion résulte principalement de l’impact et de l’empreinte de l’idéologie et de l’autorité politique sur le paysage. La sémiologie joue un rôle majeur dans sa compréhension. On observe trois niveaux de paysage politique (national, régional, local). Les frontières internationales et intrafédérales ainsi que les capitales nationales ou provinciales constituent les deux principaux types d’espace où la lisibilité du paysage politique est la plus évidente.

mots clés: CAPITALE, FRONTIÈRE, GÉOGRAPHIE CULTURELLE, GÉOGRAPHIE POLITIQUE, PAYSAGE


Position de recherche

Augustin Berque. Paysage-empreinte, paysage-matrice: éléments de problématique pour une géographie culturelle


Olivier Dollfus. Commentaire: la production du milieu


Géographes et géographie des Antipodes (VI)

Ray F. Watters, Benoît Antheaume [Traducteur]. La dépendance sur un atoll gilbertain (3 fig., 4 photos)

Abemama est un atoll de Kiribati (pays formé par la partie nord de l’ex-colonie britannique des Îles Gilbert et Ellice) en Micronésie. Il illustre bien la dualité existant entre l’économie de subsistance et l’économie de marché, ainsi que la dépendance croissante à l’égard du monde extérieur. Cette dépendance s’est forgée à la faveur d’un processus historique qui a débuté dans la seconde moitié du XIXe siècle lorsque le tabac et les feuillards d’acier des tonneaux s’échangeaient contre les productions locales, puis s’est poursuivie sous les effets conjugués de la diplomatie de la canonnière et de l’évangélisation. Ces différents types de contacts ont induit une structure économique de type dualiste: Abemama, à l’échelle locale, apparaît comme une île riche et heureuse grâce aux possibilités nourricières qu’elle offre: coprah, culture du babai, pêche, récolte du toddy, mais en même temps, de nombreux signes de déclin des activités et des compétences traditionnelles peuvent être enregistrés. Les emplois salariés extérieurs à l’île sont importants dans l’économie monétaire; les travailleurs s’y relaient dans une forme de migration circulaire. Les maisonnées villageoises dépendent de 3, 4 ou 5 sources de revenus parmi lesquelles les envois de fonds des émigrants sont les plus importants. Ces envois sont souvent à la racine du déclin des productions vivrières locales affectant les maisonnées les plus riches, et vont de pair avec une plus grande dépendance à l’égard de la nourriture importée, de médiocre valeur nutritionnelle. L’éventail des activités révèle des stratégies domestiques et économiques variées, également placées sous le signe d’une dépendance accrue à l’égard de l’extérieur. La fermeture des mines de phosphates de l’Île Océan en 1979 — qui a ramené la valeur des exportations de Kiribati à 3 millions de dollars australiens, contre 16 millions l’année précédente aura-t-elle une incidence sur cette tendance? Quel sera alors le coût de la dépendance?

mots clés: DÉVELOPPEMENT (STRATEGIE DE), GÉOGRAPHIE CULTURELLE, KIRIBATI


Chris Maher, Roger Brunet [Traducteur]. L’urbanisation australienne (3 fig., 9 tabl.)

L’urbanisation a joué un rôle essentiel dans la géographie de l’Australie. Dans un pays caractérisé par l’immensité de l’espace, la population a eu tendance à se concentrer dans un petit nombre de grandes agglomérations urbaines. Les zones urbaines ont dominé la vie sociale, politique et économique des États. Jusque dans un passé récent, les zones urbaines ont continué à attirer la majeure partie de la croissance de la population et de l’activité économique et ont, en retour, connu des problèmes de fonctionnement internes liés à cette croissance. Dans les dix dernières années, cependant, les changements sociaux, économiques et politiques ont changé la nature de la croissance et du développement dans les aires métropolitaines. L’article examine le caractère et le développement de l’urbanisation à la fois à l’échelle nationale et à l’échelle des villes.

mots clés: AUSTRALIE, POLITIQUE URBAINE, URBANISATION


Harold C. Brookfield. Les géographes et le développement

S’interrogeant sur la contribution des géographes aux études sur le développement, H.C. Brookfield entreprend d’établir le bilan de leur intervention. Il est ainsi conduit à se demander en quoi la confrontation aux problèmes du Tiers Monde a pu changer réciproquement les approches théoriques et pratiques de la discipline. Il se propose d’évaluer ce que la géographie peut, dans ses tendances et sa reproduction actuelles, apporter au problème du développement. L’évolution de la notion, la diversification du Tiers Monde, la relativité des indicateurs et la succession des paradigmes ont conduit les géographes à réviser souvent radicalement leurs approches. Au-delà des débats théoriques et des inconforts d’un engagement inévitable, la spécificité de la démarche géographique, illustrée par le sens des interrelations de l’homme et du milieu, doit être retrouvée. La discipline pourra de nouveau, à ce prix, aider efficacement à relever le défi planétaire du développement.

mots clés: AMÉNAGEMENT, DÉVELOPPEMENT (STRATÉGIE DE), GÉOGRAPHIE (PRATIQUE DE LA), TIERS MONDE


Lectures


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dernière mise à jour: 11 février 2019