L’Espace géographique 3/86

EG 3/86

Version sans les résumés


Mobilités géographiques

Jean-Pierre Raison. L’enracinement territorial des populations Merina (Hautes terres centrales malgaches)

Les Merina des Hautes Terres de Madagascar sont un modèle de population enracinée, moins par l’agriculture intensive que par le fonctionnement de leur système de parenté, dans lequel le foko est à la fois groupe de parenté et groupe territorial. Comment être mobile sans perdre son identité? Une méthode spontanée: la création sur de nouvelles terres d’un foko lié au précédent par l’idéologie de la parenté et la transmision du hasina (grâce efficace) des ancêtres. Ce bourgeonnement spontané fut orienté à la fin du XVIIIe siècle par la monarchie, fixant un rang à chaque groupe et donnant à certains d’entre eux vocation à la mobilité sans perte de statut. Mais dans les groupes minorés se maintient une mobilité de refus selon le système des familles de foko. De cette histoire, il reste plus que des traces. À la fois mobiles et ancrés territorialement et socialement, les anciens groupes privilégiés forment des réseaux puissants. L’émigration définitive, plus caractéristique des groupes minorés, n’est pas indépendante du statut social et économique: aux plus pauvres la fixation ou la fuite vers les riches; les plus aisés, seuls, ont les moyens de réussir une migration rurale.

mots clés: ENRACINEMENT, MIGRATION, MADAGASCAR, ORGANISATION SOCIALE, TERRITOIRE


Richard Bedford, Joël Bonnemaison [Traducteur]. La filière polynésienne: migrations et changements sociaux en Nouvelle-Zélande et dans le Pacifique Sud (2 fig., 4 tabl.)

Un trait constant de la démographie néo-zélandaise depuis au moins 1 000 ans est la relation avec la Polynésie. Les flux de population entre les îles du Pacifique et la Nouvelle-Zélande se sont poursuivis tout au long des 130 années de peuplement et de domination européens. Quelques-uns des problèmes sociaux et économiques les plus urgents qui se posent aujourd’hui aux politiciens et aux aménageurs néo-zélandais concernent l’existence de cette société multiculturelle. Dans ce texte, on décrit à grands traits l’histoire de la migration polynésienne. Les perspectives (démographique, adaptation, dépendance structurelle) dégagées par les chercheurs en science sociale sont revues pour la période postérieure aux années 60. La conclusion aborde quelques problèmes pour l’avenir. Même si la Nouvelle-Zélande a aujourd’hui une économie en crise, elle est encore considérée par les Polynésiens comme une terre d’accueil. Le réseau très étendu de relations et de liens familiaux entre les Polynésiens résidant en Nouvelle-Zélande et ceux qui résident dans les îles nous amène à penser que la «Polynesian Connection» demeure très importante dans le Pacifique.

mots clés: MIGRATION, NOUVELLE-ZÉLANDE, PACIFIQUE SUD, POLYNÉSIE, POPULATION


Claudine Vidal, Marc Le Pape. Espaces abidjanais: sociographies de la mobilité

L’insécurité automobile, l’obligation de prendre ses repas hors de chez soi: deux situations d’Abidjan dues à l’allongement des distances. Les auteurs analysent comment ces deux situations impliquent des comportements sociaux antithétiques.

mots clés: ABIDJAN (RCI), INSéCURITé AUTOMOBILE, RESTAURATION, SOCIOLOGIE


Alina Potrykowska. Migrations de travail et structures sociales dans la région de Varsovie (4 fig., 7 tabl.)

L’analyse canonique est une méthode très utile pour définir les relations réciproques entre deux systèmes de variables. Nous l’avons appliquée aux relations entre la structure de la population au lieu de travail et au lieu de résidence, dans la région de Varsovie. Les résultats de l’analyse permettent de dire que les caractéristiques des navetteurs et les caractéristiques des régions d’origine sont étroitement associées et que des interactions nombreuses s’établissent entre ces deux systèmes.

mots clés: ANALYSE CANONIQUE, MIGRATIONS DE TRAVAIL, POLOGNE, POPULATION


Cartographie et mesures

Henri Vogt. Une méthode cartographique d’évaluation de processus physiogéographiques appliquée à l’érosion hydrique des sols (1 fig., 1 tabl.)

La méthode présentée consiste à cartographier séparément, d’une part, des facteurs explicatifs d’un phénomène à étudier, de l’autre, les modifications territoriales du phénomène lui-même et à confronter les deux séries au moyen de techniques de traitement de données. Par rapport aux méthodes d’études stationnelles traditionnelles de processus physiogéographiques, celle-ci apporte des compléments intéressants aux plans scientifiques et pratiques: la représentativité spatiale des résultats est supérieure; elle apporte une meilleure connaissance des valeurs des seuils dans le système d’interaction des facteurs; elle est relativement peu coûteuse. La méthode est illustrée au moyen de deux exemples d’étude de l’érosion agricole des sols: dans le vignoble alsacien (France) et dans deux secteurs proches d’Oran (Algérie).

mots clés: ALGÉRIE, CARTOGRAPHIE, ÉROSION, FRANCE (ALSACE), MÉTHODOLOGIE


Visions géographiques

Michel Collot. Points de vue sur la perception des paysages

Le paysage est étudié à partir de sa perception qui ne se borne pas à recevoir passivement les données sensorielles, mais les organise pour leur donner un sens. L’auteur tente de dégager les caractéristiques majeures de cette organisation perceptive à la lumière des enseignements de la psycho-physiologie de la vision, puis de montrer, dans une perspective phénoménologique et psychanalytique, comment cette structure s’investit de significations liées à l’existence et à l’inconscient du sujet qui perçoit le paysage.

mots clés: PAYSAGE, PERCEPTION


Maria Estela Furlani de Civit, Josephina Gutierrez de Manchon, Robert Ferras [Traducteur]. Une vision de la géographie à Mendoza, Argentine

Il s’agit de l’expérience d’un groupe de géographes argentins par rapport à la géographie dite «classique» et à la «nouvelle» géographie. On évalue l’apport de l’analyse spatiale à la science, à la planification et à la compréhension des problèmes mondiaux. On a défini une attitude d’intégration qui, au-delà de l’analyse spatiale, cherche d’autres orientations qui la complètent, orientations dont la contribution dépendra de la nature et de l’échelle des problèmes.

mots clés: CENTRE-PÉRIPHÉRIE, ÉCOLE ARGENTINE DE GÉOGRAPHIE, ORGANISATION DE L’ESPACE, THÉORIE


Christian Kesteloot, Pieter Saey. La géographie classique et la neutralisation du rôle des classes sociales dans l’explication des faits géographiques (1 tabl.)

La plupart des grands courants de la géographie humaine participent à l’élaboration d’une théorie sociale qui se fonde sur l’intérêt commun des individus habitant un même espace. Le rôle des classes sociales dans l’explication des faits géographiques est neutralisé par trois mécanismes distincts: la transsubstantiation (la transformation des classes sociales en une donnée naturelle); l’abstraction (la négation de l’existence des classes sociales) et la banalisation (le rôle des classes sociales dans l’explication est sans importance particulière). La conséquence en est qu’une théorie sociale territoriale en géographie peut nourrir le nationalisme et le maintien de l’ordre capitaliste de la même façon que le marxisme n’est pas sans liens avec un autre totalitarisme.

mots clés: CLASSES SOCIALES, GÉOGRAPHIE HUMAINE, THÉORIE SOCIALE


Antoine S. Bailly, Hubert Beguin, Denise Pumain, Thérèse Saint-Julien. Chronique de science régionale 1985


Lectures


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dernière mise à jour: 11 février 2019