L’Espace géographique 1/05

Version sans les résumés


Aménagement et environnement

Le concept d’«Akzeptanz» et son utilité en géographie sociale. Exemple de l’acceptation locale des parcs nationaux allemands (1 tabl., 4 fig.)

Le concept d’Akzeptanz, développé par la psychologie sociale allemande, est ici étendu au champ d’analyse de la géographie. Il s’applique à des structures spatiales plaquées par des politiques mondiales sur un territoire local et a été employé en particulier pour définir le degré d’acceptation d’un parc national par les sociétés locales qu’il concerne. L’«acceptance» implique un degré supérieur d’acceptation qui consiste en une identification aux valeurs portées par l’objet nouveau. Ce concept permet de mieux cerner les écarts de valeurs implicites existant dans les relations sociales avant ou après un conflit d’usage. Spatialiser l’«acceptance» rend également possible une reconnaissance des facteurs territoriaux intervenant dans la différenciation des réactions d’une commune à l’autre et conforte l’idée d’un « cratère d’acceptance» autour des parcs. Les directions des parcs nationaux, poussé es par l’exemple des parcs régionaux en Europe, cherchent donc à élargir la reconnaissance de leur action au niveau local : tout leur dilemme consiste alors à convaincre sans se dénaturer, dans un débat de fond entre «acceptance» et adaptation.

mots clés: ACCEPTATION SOCIALE, ALLEMAGNE, COMMUNES RURALES, GÉOGRAPHIE SOCIALE, PARCS NATIONAUX


La Terre de Feu face à l’avenir. De la crise du territoire à la construction d’un nouveau mythe de développement (12 fig.)

Dans l’imaginaire collectif argentin, la Terre de Feu a toujours été un territoire mythique, grâce à ses ressources inexplorées, son isolement et la rigueur de son climat. Son évolution et son développement ont été dans une grande mesure déterminés par cette image, ainsi que par les activités productives qui s’y déployaient. Actuellement, la crise territoriale de l’île (économique, sociale et environnementale) demande la création d’un nouveau mythe de développement durable qui lui permette de répondre à la situation actuelle. Or, malgré cette promesse, la province doit faire face à un contexte national très complexe qui limite ses possibilités réelles de développement.

mots clés: ARGENTINE, DÉVELOPPEMENT, MYTHE, PROSPECTIVE, TERRE DE FEU


Maîtrise de la demande d’électricité en milieu rural: comment délimiter les bassins d’intervention? (6 tabl., 5 fig.)

Cet article propose une procédure qui permet de délimiter précisément des aires pertinentes d’intervention dans l’objectif de la mise en place de programmes de Maîtrise de la demande d’électricité (MDE) en milieu rural. La démarche adoptée privilégie les aspects géographiques de la demande sans pour autant négliger les facteurs fondamentaux qui décrivent la nature des usages et les infrastructures du réseau de distribution d’électricité basse tension. La desserte électrique rurale est achevée en France depuis 1970. Cependant, l’accroissement actuel des besoins d’investissement de l’électrification rurale a conduit les autorités publiques de tutelle à promouvoir la MDE en alternative aux renforcements coûteux des réseaux. Parmi les déterminants de la demande d’électricité et de son augmentation, le contexte géographique semble prépondérant. Il se manifeste par le rôle de l’environnement naturel et par celui des dynamiques locales de population. Suite à ce constat, une classification, utilisant les modèles de mélange et intégrant les contraintes de voisinage spatial, permet de délimiter précisément des bassins de consommation électrique. Statistiquement homogènes et géographiquement cohérentes, ces zones peuvent servir de points d’appui à des projets génériques de MDE.

mots clés: CLASSIFICATION SOUS CONTRAINTE DE VOISINAGE SPATIAL, ÉLECTRIFICATION RURALE, ESTIMATION DE MÉLANGE DE LOIS, MAITRISE DE LA DEMANDE D’ÉLECTRICITÉ


Paysages

Anne-Sophie DEVANNE, La «fermeture du paysage»: au-delà du phénomène, petite chronique d’une construction sociale (2 encadrés, 3 photos)

L’expression de fermeture du paysage, si elle désigne à la fois un phénomène matériel (l’extension spatiale de la végétation ligneuse) et la façon dont il est vécu par les usagers des espaces concernés (sentiment d’oppression…), est aussi en elle-même le produit d’une construction sociale. Née avec la question environnementale dans les années 1970, elle connaît son apogée dans les années 1980, lors d’un conflit où se renégocient les significations à attribuer aux changements affectant les espaces ruraux. Puis elle devient une norme d’appréciation de l’évolution de ces espaces, appelant un paradigme d’aménagement, l’ouverture. Ce paradigme serait complémentaire, et non antagonique, de celui qui prône la réintroduction de l’arbre dans les systèmes de production agricole.

mots clés: AMÉNAGEMENT, BOISEMENT, CONSTRUCTION SOCIALE, ESPACE RURAL, PAYSAGE


Du paysage urbain dans les politiques nationales d’urbanisme et d’environnement (3 tabl., 1 encadré)

L’analyse de textes relatifs au droit de l’environnement et au droit de l’urbanisme montre la double, sinon triple, filiation du paysage urbain; tantôt associé à la protection de territoires au regard du développement urbain ou encore à l’embellissement urbain et au renouveau dans les pratiques d’aménagement urbain, le paysage est également lié aux questions d’identité urbaine. Cette étude de politiques publiques permet de savoir si la référence paysagère correspond à un engagement environnemental ou s’il s’agit d’un jeu rhétorique. Le paysage ne pourrait-il pas devenir une question vive de l’aménagement urbain en intégrant dans ses préoccupations les composantes invisibles, fonctionnements sociaux et écologiques, de sa dimension visible?

mots clés: DROIT DE L’ENVIRONNEMENT, DROIT DE L’URBANISME, ENVIRONNEMENT, PAYSAGE URBAIN, URBANISME


La forclusion du travail médial

Le travail médial est celui qui s’accomplit dans notre corps médial, à savoir le milieu éco-techno-symbolique nécessaire à l’existence de la personne individuelle. C’est la chôra indispensable au topos de notre corps animal. Or l’ontologie moderne ne reconnaît pas ce lien. Cette forclusion est particulièrement marquée dans l’individualisme méthodologique. Elle s’exprime dans la rationalité à court terme du capitalisme. Si l’humanité doit survivre sur la Terre, il s’impose de substituer à l’ontologie moderne, focalisée par l’être vers la mort individuel, une ontologie reconnaissant l’être vers la vie de l’humanité.

mots clés: CAPITALISME, CHÔRA, CORPS, ÉCOUMÈNE, INDIVIDUALISME, MÉTABOLISME, PAYSAGE, TOPOS, TRAVAIL, VIE


Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges

Le prix Vautrin-Lud 2004: Philippe Pinchemel (Denise Pumain, Marie-Claire Robic)


Lectures


Dans ce numéro de l’Espace géographique, vous trouverez des comptes rendus de lecture des ouvrages suivants:

AMIN Ash, THRIFT Nigel (2002). Cities: reimagining the urban. Cambridge: Polity Press, VII + 184 p., (par Camille Tiano, Paris VIII, Institut français d’urbanisme) ISBN: 0-7456-2413-8

ASCHER François (2001). Les Nouveaux Principes de l’urbanisme. La fin des villes n’est pas à l’ordre du jour. La Tour d’Aigues: Éditions de l’Aube, coll. «Monde en cours, série Intervention», 104 p. ( par Philippe Pinchemel) ISBN: 2-87678-992-2

LUCCHINI Françoise (2002). La Culture au service des Villes. Paris: Anthropos, 262 p., (par Yves Guermond, Université de Rouen) ISBN: 2-7178-4422-8

POLESE Mario, SHEARMUR Richard (dir.), avec la collaboration de Pierre-Marcel DESJARDINS et Marc JOHNSON (2002). La Périphérie face à l’économie du savoir. Montréal: Institut National de la Recherche Scientifique, 237 p. (Antoine Bailly, Université de Genève)


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dernière mise à jour: 18 mai 2005