La géographie et les pouvoirs
Jean-Luc Piveteau. La géographie ça sert d’abord à faire la République (7 fig.)
Pour les géographes, deux chapitres de l’œuvre de J. Bodin, à tout le moins, valent le détour. Bodin s’y interroge, fondamentalement, sur la part de liberté qui nous revient dans l’organisation de notre habitat. Sa réponse est double. À l’échelle régionale et locale, les contingences sont multiples. Il appartient donc à l’homme, à ce niveau, d’intervenir dans la gestion de sa relation à l’espace. À l’échelle planétaire, en revanche, la revendication d’une autonomie n’a pas de sens. Car l’ordre du monde se définit par l’influence croisée des lois physiques (la variation en latitude de la chaleur solaire) et de la mythologie indo-européenne des «trois fonctions». La discrète «géographie universelle» du juriste de la Renaissance défend une logique de l’espace à la fois très ancienne et très actuelle.
mots clés: DÉTERMINISME, GÉOGRAPHIE (HISTOIRE)
Christian Kesteloot. La géographie radicale en Belgique (1 tabl.)
La géographie radicale ne rencontre que l’indifférence ou la critique en Belgique. Cette situation est due à une série de préjugés et d’incompréhensions à son égard. Nous démontrons que la géographie radicale en Belgique procède d’un radicalisme scientifique, fondé sur les questions: «qui décide de l’organisation de l’espace?» et «peut-on changer ces pouvoirs de décision et comment?». Elle conçoit pour cela les faits géographiques comme le reflet matériel des rapports sociaux et de l’aliénation et explique ces faits par une modélisation synthétique. Elle vérifie ces explications par la pratique. Dès lors, sa dimension politique n’est pas normative, mais bien positive. Les géographes non-radicaux devraient considérer la géographie radicale sur le plan scientifique pour favoriser une meilleure compréhension de la réalité que nous étudions.
mots clés: BELGIQUE, ÉPISTEMOLOGIE, GÉOGRAPHIE RADICALE
Espaces en transformation
Jacques Fontaine. Trame villageoise traditionnelle et réseau urbain moderne (6 fig., 2 tabl.)
L’Algérie indépendante a choisi un modèle de développement basé sur l’industrialisation, l’urbanisation et donc le remaniement délibéré des armatures urbaines et villageoises. Ce modèle semble s’implanter assez facilement dans les anciennes zones coloniales qui ont été fortement déstructurées (Mitidja-Sahel, région d’Oran…). Mais est-ce également le cas dans les montagnes telliennes où la colonisation fut moins importante et où les structures traditionnelles ont gardé une grande cohérence? La wilaya de Béjaïa juxtapose une plaine autrefois intensément colonisée (Vallée de la Soummam) et des montagnes où la colonisation a eu peu d’effets. L’étude de cette région permet de montrer que le modèle de développement choisi par l’Algérie n’opère pas du tout de la même façon dans un cas et dans l’autre.
mots clés: ALGÉRIE, RÉSEAU URBAIN, ORGANISATION DE L’ESPACE
Michel Neyroud. Organisation de l’espace, isolement et changement dans le domaine transhimalayen: le Zanskar (4 fig., 1 photo)
L’organisation de l’espace dans le domaine transhimalayen «tibétain» est étudiée à travers l’exemple des hautes vallées de langue et de culture tibétaines du Zanskar (sud du Ladakh central, Himalaya du Nord-Ouest). Étude de reconnaissance dans un isolât d’altitude ouvert seulement en 1979, le travail essaie d’abord de dégager la spécificité du Zanskar et l’originalité de la situation géographique (confins géographiques et carrefour climatique). Dans ce «bout-du-monde» muré de tous côtés, situé aux marges de l’œcoumène himalayen, la logique de l’isolement a produit un monde clos culturellement, un «pays» autonome structuré dans son cadre économique, socio-culturel et religieux. Les problèmes de développement et les mutations sociétales sont abordés en regard des changements récents (stratégie de désenclavement, développement du tourisme d’altitude).
mots clés: ISOLEMENT, ORGANISATION DE L’ESPACE, PAYSAGE, PERCEPTION, ZANSKAR (HIMALAYA)
Christian A. Girault. Recherches de géographie économique aux Antilles: le cas haïtien (1 fig., 1 photo)
La mobilité
Daniel Courgeau. Changements de logement, changements de département et cycle de vie (4 fig., 7 tabl.)
À l’aide d’une enquête rétrospective, cet article montre comment la position d’un individu dans son cycle de vie familiale, professionnelle et politique influe sur sa mobilité spatiale mesurée soit comme changement de logement, soit comme changement de département. Les méthodes d’analyse présentées ici se révèlent très efficaces pour saisir les liens complexes existant entre ces divers événements.
mots clés: CYCLE DE VIE, FRANCE, MÉTHODOLOGIE, MIGRATION
Position de recherche
André Guillain. Pour une géographie de l’esprit
Le concept d’espace vécu exige l’abandon de toutes les conceptions mécanistes du milieu et le recours à la psychologie. Inversement, la psychologie peut être conçue comme une géographie de l’esprit. Wallon propose une théorie de l’espace mental et des lieux psychiques en rapport avec les techniques de pouvoir qui les façonnent. Sa théorie des milieux et des groupes permet une définition de l’espace vécu: centré et valorisé, il intègre les temps biologique, psychologique et historique; il est enfin l’enjeu et l’instrument des pouvoirs qui structurent le milieu social.
mots clés: ESPACE VÉCU, THÉORIE
Antoine S. Bailly, Hubert Béguin, Denise Pumain, Thérèse Saint-Julien. Chronique de science régionale 1984
Lectures
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Table des auteurs et index des matières pour l’année 1985
L’espace géographique 3/85
L’espace géographique 1/86
dernière mise à jour: 11 février 2019
Les sommaires