L’Espace géographique 2/72

EG 2/72

Version sans les résumés


Débat: Géographie et méthode scientifique

Roger Brunet. Les nouveaux aspects de la recherche géographique: rupture ou raffinement de la tradition?

La géographie française est en train de prendre conscience des puissantes transformations connues par les écoles étrangères, et de faire ses premiers travaux de géographie quantitative et théorique. Ceux-ci soulèvent bien des inquiétudes, et sont parfois considérés comme un simple raffinement statistique au service de recherches classiques. Nous pensons au contraire que ces attitudes impliquent une rupture épistémologique, et ont plus de conséquences, en ce moment, que les efforts pour élargir le champ de la géographie.


Bernard Marchand. L’usage des statistiques en géographie (4 fig.)

Les deux premières parties exposent en détail les bases (types de variables) et les méthodes de la statistique descriptive et de la statistique mathématique univariée. La troisième partie présente l’analyse multivariée, un cadre général dans lequel il est possible d’étendre, grâce au calcul matriciel, les définitions et les méthodes de l’analyse univariée classique; l’analyse des structures comprend diverses méthodes dont la plus célèbre est l’analyse factorielle. Le fait que les phénomènes qu’étudie le géographe sont dispersés dans l’espace pose des problèmes originaux et, en particulier, la question fondamentale de l’auto -corrélation spatiale; les modèles macrogéographiques, l’analyse de la répartition des points dans l’espace (plus proche voisinage) et les diverses méthodes de filtrage représentent autant de solutions différentes à ces problèmes particuliers. Le dernier chapitre indique l’intérêt que présentent, pour un géographe, les statistiques bayésiennes.


Sylvie Rimbert. Aperçu sur la géographie théorique: une philosophie, des méthodes, des techniques

L’article présente les principales caractéristiques de la géographie théorique, à travers la lecture d’ouvrages récents. On retient: a) la priorité donnée à la construction d’une théorie explicative; b) la confrontation du schéma théorique à la réalité et la mesure de la différence entre théorie et observations; c) le recours, pour cette confrontation, à des méthodes statistiques et à des techniques informatiques; d) l’idée que par l’intermédiaire de théories générales on peut s’acheminer vers une certaine unité des sciences; e) l’idée que les voies nouvelles de recherche se situent sur les frontières où se rencontrent plusieurs disciplines.

Il semble erroné de parler encore de «nouvelle géographie» puisqu’elle a aujourd’hui presque vingt ans d’âge, ainsi que de «géographie quantitative», puisque la géographie inductive classique a aussi utilisé certaines quantités. Mais, tandis que la géographie et la cartographie classiques sont restées «numériques», l’école scandinave-anglo-saxonne a utilisé les «lois statistiques»; c’est une première différence fondamentale. La seconde tient dans les efforts de la «géographie théorique» pour vaincre par la construction de théories l’infirmité essentielle de la géographie classique: son incapacité à généraliser.


André Fel. Deux géographies humaines? (1 fig.)

Un exemple précis — l’émigration rurale en France — permet de montrer l’existence de deux géographies humaines radicalement opposées par leur méthode et leur conception d’ensemble. La géographie «classique» tente de restituer l’émigration concrète dans ses milieux régionaux et historiques. Le géographe «moderne» cherche la formule abstraite et générale qui règle le phénomène dans l’espace d’aujourd’hui et de demain.

La querelle des «faits» et des «formules» est de toujours, mais le fossé s’élargit aujourd’hui. L’aménagement du territoire des pays industriels réclame des modèles théoriques que le classique considère comme naïfs. Et lorsque le modèle s’enrichit pour se rapprocher du réel, il revêt un langage mathématique complexe qui accentue le divorce. La position médiane, intéressante dans sa conception, est la plus difficile au plan des méthodes.


Écologie et géographie

Georges Bertrand. Écologie d’un espace géographique: les géosystèmes du Valle de Prioro (Espagne du Nord-Ouest) (4 fig., 1 phot.)

Exemple d’application d’une méthode d’étude intégrée des milieux physiques qui combine en les harmonisant les démarches écologique et géographique. Un inventaire des données, sectoriel dans son principe mais strictement orienté vers l’étude des combinaisons et des interactions entre les éléments du milieu, précède l’analyse globale proprement dite qui examine et classe les différentes unités isomorphes: géosystèmes et géofaciès (cf. carte). Les paysages «physico-anthropiques» du Valle de Prioro, bassin-versant de la moyenne montagne cantabrique, se caractérisent par la fragilité de leurs structures, en particulier au niveau hydrologique et phytogéographique. La dynamique des paysages, régressive dans son ensemble, est très nuancée dans le détail des géofaciès. Elle dépend pour l’essentiel du mode d’utilisation de l’espace de la société montagnarde et plus particulièrement du système pastoral.


Note de recherche

Paul Bachelard. Flux téléphoniques et influence urbaine: l’exemple de la région du Centre (4 fig.)

Cette tentative de délimitation des zones d’influence des villes de la région Centre en utilisant les flux téléphoniques, s’appuie sur une source documentaire renouvelée. L’occupation des circuits téléphoniques est mieux connue, ce qui permet l’étude des relations d’un groupement téléphonique avec un autre groupement de la région, ou avec Paris, ou avec les différentes régions françaises. Après l’étude critique des documents, le rôle de Paris a été mis en valeur. Dans le cadre de la région, les influences d’Orléans, Tours et Bourges ont été comparées. Plusieurs phénomènes se dégagent avec force.

L’importance des liens avec Paris marque la vie de toute la région. Orléans qui a son réseau urbain démantelé par la proximité de la capitale, peut-il prétendre animer la région? Tours semble avoir une vocation de capitale régionale mieux affirmée. L’insuffisante hiérarchisation urbaine justifie la thèse de J. Verrière d’une région étendue et articulée autour de plusieurs villes.


Aménagement

Roger Brunet. La recherche scientifique française: éléments pour une géographie de la décision (2 fig.)


Georges Cazes, Alain Reynaud. La petite ville, moindre mal de l’urbanisation ou ultime espoir d’une France ruraliste?


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dernière mise à jour: 11 février 2019