L’Espace géographique 4/06

Version sans les résumés


Débat sur l’identité territoriale

Identité et rapport au territoire


L’identité territoriale: l’ambiguïté d’un concept géographique

L’identité territoriale, qui est à l’origine un sentiment individuel limité à un espace restreint, est instrumentalisée politiquement par un changement d’échelle, pour aboutir à la construction d’identités régionales ou nationales. La problématique actuelle du patrimoine cherche à donner une justification culturelle à ces constructions, afin de les pérenniser. Mais des justifications démocratiques peuvent aussi être mises en avant, notamment le rempart que l’identification territoriale pourrait constituer face à une mondialisation des conflits idéologiques. Les États-nations européens ne semblent cependant pas à même de remplir ce rôle.

mots clés: ÉTAT-NATION, IDENTITÉ, PATRIMOINE, TERRITOIRE


Sentiment d’appartenance et territoires identitaires (3 tabl.)

À partir d’entretiens et des données recueillies dans une enquête quantitative sur la construction des identités, est abordé le processus de formation d’un sentiment d’appartenance à un territoire, pour des populations de plus en plus mobiles à l’échelle internationale. C’est l’ensemble du parcours géographique et le sens donné aux lieux, passés ou présents, vécus, pratiqués ou même imaginaires, qui constituent un élément essentiel de la compréhension des appartenances, de l’échelle géographique à laquelle elles s’inscrivent sur le territoire, et contribuent ainsi à la formation d’un patrimoine identitaire géographique susceptible d’être mobilisé par les individus.

mots clés: APPARTENANCE, ÉCHELLE GÉOGRAPHIQUE, IDENTITÉ, PARCOURS, TERRITOIRE


Territoires, appartenance et identification. Quelques réflexions à partir du cas tunisien (1 tabl.)

À travers le cas tunisien, on peut voir qu’ identité et territoire relèvent d’un processus similaire et se renforcent mutuellement à travers l’appropriation et l’individualisation selon un rapport intériorisé de double appartenance. L’appartenance est multiscalaire et l’identité est à géométrie variable selon les circonstances. Plusieurs échelles de références identitaires ethnoculturelles existent, mais deux se trouvent privilégiées: locale et nationale. Le territoire fonde, exprime et consolide l’identité à travers la matérialité spatiale qui en assure la pérennité et la reproduction. L’espace de vie et l’espace de référence identitaire varient selon le milieu, la vie de relation, la taille de la ville.

mots clés: APPARTENANCE, ÉCHELLES, ESPACE, IDENTITÉ, TERRITOIRE, TUNISIE


Territorialisation de l’ethnicité, ethnicisation du territoire. Le cas du système politique soviétique et russe (1 fig.)

Malgré la diversité culturelle, sociale et économique des populations résidant sur le territoire de l’Empire russe, le découpage administratif du pays ne faisait aucune référence à l’ethnicité. Les bolcheviks, après octobre 1917, ont privilégié un concept d’«État multinational», fondé sur un principe d’autonomie territoriale des «peuples» sous forme du fédéralisme ethnique, à celui d’«État-nation». Ce choix politique a placé l’ethnicité au coeur de la représentation des populations mais aussi des mécanismes d’action sur ces populations.

mots clés: ETHNICITÉ, FÉDÉRALISME, RUSSIE, TERRITOIRE, URSS


Les territoires de l’identité et la mémoire collective en diaspora (2 photos)

Une population en diaspora cherche à s’approprier des lieux dans ses territoires d’installation ou d’accueil en se référant à la mémoire collective de ses lieux d’origine ou «patries perdues», ainsi qu’à celle d’événements ayant joué pour elle un rôle fondateur. Elle utilise une «iconographie», support de cette mémoire et de son identité, comme marqueur de sa territorialité. L’exemple des réfugiés grecs d’Asie Mineure est privilégié dans cet article.

mots clés: DIASPORA, LIEUX, MÉMOIRE COLLECTIVE, TERRITOIRE, TERRITORIALITÉ


Michel BUSSI. L’identité territoriale est-elle indispensable à la démocratie?

La démocratie s’est historiquement mise en place par la reconnaissance d’hommes identiques au sein d’un même territoire politique. Progressivement, la citoyenneté fut associée à une forme d’autonomisation de l’individu vis-à-vis des déterminismes spatiaux, mais également à des revendications territoriales plus complexes.

mots clés: DÉMOCRATIE, ESPACE POLITIQUE, IDENTITÉ


Prendre position: réflexions sur les ressources et les limites de la notion d’identité en géographie

Cet essai se positionne par rapport aux acceptions usuelles en géographie de la notion d’identité, après les avoir distinguées et replacées dans leur contexte académique d’usage. Il rappelle qu’un des points forts de la discipline a consisté à travailler la question du rapport entre les entités géographiques, dotées d’une identité numérique au sens que la logique donne à cette expression, d’une part, et les identités sociales et collectives, d’autre part. Mais il ne voit dans cette mise en rapport aucune nécessité logique, ni sociale, ni écologique. Ce texte montre plutôt qu’il s’agit d’une modalité parmi d’autres de composer avec l’étendue et la durée et que ce qui singularise cette modalité est le registre de temporalité sur lequel elle repose.

mots clés: IDENTITÉ, SINGULARITÉ, TEMPORALITÉ, TERRITORIALITÉ


Afrique

La vulnérabilité alimentaire des Sahéliens: concepts, échelles et enseignements d’une recherche de terrain (3 encadrés, 2 fig., 2 tabl.)

L’étude géographique de la vulnérabilité alimentaire en milieu rural passe presque toujours par une description du «milieu» tout en cherchant à mieux prendre en compte la variabilité temporelle et spatiale des situations, à différentes échelles. La recherche, menée au Burkina Faso, montre que le niveau de risque alimentaire, évalué d’après les contraintes environnementales, est loin de correspondre à la vulnérabilité réelle des ménages. Ceci tend à conforter l’idée que la définition et la collecte d’indicateurs pertinents passent par une connaissance approfondie des modes de régulation sociale et des formes de gestion du risque d’insécurité alimentaire.

mots clés: BURKINA FASO, INDICATEURS, RISQUE, SOUDURE ALIMENTAIRE, VULNÉRABILITÉ


Les sociétés nomades sont-elles solubles dans la sédentarisation? Le contre-exemple des Touaregs Kel Ewey (Aïr-Niger) (1 fig., 1 photo)

Il est souvent admis que la sédentarisation entraîne inéluctablement la destruction culturelle des sociétés nomades, voire leur disparition à court terme. À partir du contre-exemple des Touaregs Kel Ewey, l’article nuance fortement ce point de vue en montrant comment des traits sociospatiaux propres à l’idéologie nomade persistent sous des formes inattendues dans la sédentarité. Ces traits sont révélés par un outillage conceptuel spécifique qui s’articule autour de la notion de dispositifs analogiques et de la figure de la tautologie.

mots clés: DISPOSITIF ANALOGIQUE, NOMADISME, SÉDENTARISATION, TAUTOLOGIE, TOUAREG


Lectures


Dans ce numéro de l’Espace géographique, vous trouverez des comptes rendus de lecture des ouvrages suivants:

SMITH N. (2003). American Empire: Roosevelt’s Geographer and the Prelude to Globalisation. Berkeley: University of California Press, California Studies in Critical Human Geography, n° 9, 558 p. (Hugh Clout, University of London) ISBN: 0-520-93152-1

BOLLMANN J., KOCH W.G. (2001). Lexikon der kartographie und geomatik. Heidelberg-Berlin: Spektrum Akademischer Verlag, 2 vol., 453 et 455 p. (Hervé Théry, CNRS-Credal et Universidade de São Paulo) ISBN: 3-8274-1055-X (vol. 1) ISBN: 3-8274-1056-8 (vol. 2)

LE FUR A., (2000). Pratiques de la cartographie. Paris: Armand Colin, coll. «Synthèse», série géographie, 96 p. (Hervé Théry, CNRS-Credal et Universidade de São Paulo) ISBN: 2-200-25092-4


[PDF]Table des auteurs et index des matières pour l’année 2006


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dernière mise à jour: 6 décembre 2006