Doctorat

 « Les conflits d’usage liés à l'environnement sur le littoral du Languedoc Roussillon :

Réseaux d’acteurs sociaux et médiation
pour une gestion intégrée »

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Sous la direction de M. HENRY BAKIS, professeur à l'Université Paul Valéry, Montpellier

Problèmatique et intérêt

Cette thèse porte sur les situations conflictuelles d’un espace en mutation : le littoral.

La zone côtière possède des propriétés physiques, écologiques et des caractéristiques socio-économiques particulières qui en font un espace tout à fait singulier. Cependant, elle correspond également à un espace sous tensions.

Depuis le milieu du XXe siècle, l'interface Terre - Mer attire de multiples acteurs suscitant d'importantes interactions entre le milieu naturel et la société qui l'occupe. La zone côtière correspond à un système complexe (Bavoux, Corlay, Vallega) fortement convoitée et soumise à de nombreux enjeux (démographiques, politiques, environnementaux, etc.). Il en découle de profondes mutations, aussi bien au niveau physique (comblement d'étangs littoraux, épis, etc.) qu'au niveau social (changement de comportements des usagers). La région Languedoc-Roussillon constitue un exemple tout à fait pertinent à ce sujet. Les modifications socio-spatiales occasionnent des répercussions environnementales (pollution, artificialisation, diminution des ressources, etc.) et participe à l'augmentation des conflits d’usage.

En effet, la multiplication des intérêts divergents met sous pression un espace subissant l’adversité des situations d’opposition. La permanence et l’intensification des conflits d’usage entrave la mise en place d’une gestion « intégrée ». Cette gestion évoque la conjugaison entre la protection de l’environnement, sa mise en valeur et le développement, en prenant en compte le contexte économique, social et culturel, dans une perspective de long terme.

Au cœur de ces processus conflictuels, de leur genèse à leur résolution, les usagers jouent un rôle considérable. Garants de l’efficacité des projets territoriaux, ils s’organisent et se mobilisent socialement et spatialement, en fonction de leurs intérêts ou convictions lors de ces processus d’antagonisme. Des réseaux d’acteurs apparaissent ou se remobilisent et s’affrontent ou coopèrent selon le contexte. L’étude de ces réseaux permet de comprendre la manière dont ils se structurent et vise à éclairer les mécanismes conflictuels et leurs répercussions spatiales. Cependant, si les conflits d’usage font obstacle à des actions de cohérence environnementale, ils constituent une opportunité en terme de re-création de lien social (Simmel, Morineau).

Une de mes hypothèses porte sur l’aspect constructif d’un mode de gestion des conflits : la médiation environnementale. Elle suggère l’intervention d’un tiers pour résoudre un antagonisme. Cette médiation peut constituer un outil favorisant les processus de concertation animant la zone côtière depuis les années 1990 en encourageant la recherche constructive de solutions aux conflits en instaurant un dialogue territorial. Institutionnalisée en Amérique du Nord, elle revêt des formes multiples en France mais garde un caractère informel. L’exploration d’une solution territoriale malgré le nombre des acteurs socio-spatiaux antagonistes qui interagissent s’inscrit dans le contexte actuel d’une réflexion sur la gestion intégrée en Languedoc-Roussillon.

Malgré les mutations qui régissent l’espace et les sociétés et malgré l’intensification des conflits d’usage, l’analyse géographique des mécanismes d’opposition, des usages et des comportements spatiaux des acteurs permettent de s’orienter vers un meilleur stade d’aménagement du territoire.

La contribution de cette thèse porte sur le caractère théorique et pratique des processus conflictuels sur le littoral dans lequel les réseaux d’acteurs socio-spatiaux jouent un rôle fondamental. Mon ambition est de contribuer à l’étude scientifique du rapport des hommes entre eux et avec la nature. Pour cela, j'aborde plusieurs domaines de recherche en géographie, et me dirige vers une piste peu explorée qui est celle de la géographie sociale de l'environnement.

Démarche méthodologique

La méthodologie s’emploie à rendre compréhensible les éléments qui structurent le système environnemental littoral. Je m'intéresse aux acteurs sociaux qui sont au cœur du système littoral et à leurs actions qui le dynamisent et le font évoluer.

Afin d’analyser les relations d’antagonismes sur un espace donné, j'adopte une approche systémique qui me permet de clarifier les nombreux conflits d’usage et le rôle des acteurs.

Cette thèse s’appuie sur une méthodologie permettant de visualiser les dynamiques spatiales et sociales du système littoral du Languedoc-Roussillon. Cette visualisation- cartographique, graphique, et autre- a été possible grâce à un recueil de données quantitatives (nombre, fréquence des conflits d’usage) et qualitatives (historicité, processus, mode de résolution). Hormis la recherche bibliographique, j'ai réalisé une base de donnée concernant les conflits d’usage, établi une typologie des acteurs, conçu un questionnaire sur les représentations et effectué plusieurs entretiens afin de recueillir des données suffisamment pertinentes pour l’analyse du système littoral du Languedoc-Roussillon.

Les étapes méthodologiques sont les suivantes :
- Identification des acteurs en fonction des hypothèses de recherches ;
- Construction d’un questionnaire pour sonder les représentations des acteurs (logiciels SIMI 2000, EVOC, SPHINX) ;
- Décryptage des conflits d’usage : inventaire quantitatif et qualitatif (logiciel ACCESS) par entretiens semi-directifs, accès aux bases de données des administrations et dépouillement de la presse locale ;
- Cartographie des conflits ;
- Visualisation des réseaux d’acteurs : Réalisation de graphes.

Financements

Allocation du Ministère de la Recherche

Monitorat à l’université de Montpellier

Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche à Sophia Antipolis, Nice